La confiance est "rompue" avec l'administration de Donald Trump sur le commerce mondial et l'Europe ne peut compter que sur elle-même, a déclaré vendredi Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE.
"La confiance est rompue, c'est un fait, malheureusement", a reconnu M. Coeuré sur Europe 1. "Pas avec les Etats-Unis en tant que pays mais avec cette administration-là", a-t-il affirmé, en réponse à une question sur les taxes douanières imposées par les Etats-Unis sur les importations d'acier et d'aluminium de ses alliés européens.
"Ce que j'en tire comme conclusion, en tant que responsable européen, c'est que l'Europe ne peut compter que sur ses propres forces. Il faut que l'Europe s'organise, se renforce, déploie sa puissance économique et stratégique", a-t-il insisté.
Selon le responsable de la BCE, "le monde a les yeux rivés sur l'Europe", citant comme exemple le changement climatique, où "seule l'Europe peut mener à bien ce qui avait été décidé dans les accords de Paris".
La BCE a abaissé jeudi ses prévisions de croissance pour la zone euro cette année à 2,1% contre 2,4% auparavant.
M. Coeuré a toutefois écarté l'idée que les mesures protectionnistes prises par les Etats-Unis aient pour l'instant des répercussions sur la croissance.
"Pour l'instant, c'est assez limité", a-t-il expliqué. "Evidemment si cela dégénérait en guerre commerciale, cela pourrait avoir un impact beaucoup plus préoccupant", a-t-il affirmé.
"Et puis, c'est un impact de long terme", a-t-il ajouté. "C'est tout le fonctionnement de l'économie mondiale qui est à revoir et une Europe qui se retrouve un peu seule dans le jeu mondial", a-t-il commenté.
"On est plus préoccupé par les conséquences historiques, de long terme, que par l'aspect conjoncturel", a assuré M. Coeuré.