PARIS/DAKAR (Reuters) - La France pense pouvoir vaincre les groupes armés djihadistes actifs en Afrique de l'Ouest, a estimé une source à l'Elysée avant le lancement ce vendredi de la "Coalition pour le Sahel" destinée à enrayer l'insécurité croissante dans la région, également confrontées à des violences communautaires.
La création de cette coalition avait été annoncée mi-janvier lors du sommet de Pau dans le sillage d'une série d'attaques menées fin 2019 par de groupes armés liés à Al Qaïda ou à l'Etat islamique. [nL8N29I5Y2]
Elle a été officiellement lancée vendredi lors d'une visioconférence réunissant 45 ministres principalement européens et ouest-africains, ainsi que des représentants d'organisations internationales comme l'Onu, l'Union africaine ou encore la Banque mondiale.
"Nous pouvons désormais espérer que les revers subis par nos armées au second semestre 2019 et les difficultés dans la mise en oeuvre de nos projets de développement sont derrière nous", a déclaré le ministre nigérien des Affaires étrangères, Kalla Ankourao.
La coalition vise à renforcer les capacités des armées africaines et leur coordination avec les forces françaises et internationales, avec une action concentrée sur la zone dite des "trois frontières" entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
"Aujourd'hui au Sahel, la victoire est possible. Et c'est bien la perception qui est en train de s'installer chez nos partenaires", a déclaré à des journalistes une source à l'Elysée.
"Si aujourd'hui nous avons 40 ministres des Affaires étrangères dans une coalition pour le Sahel, ce n'est pas seulement grâce aux efforts de leadership de la France, c'est aussi parce que la perception commence à s'installer que, au Sahel, c'est possible d'arriver à un succès", a ajouté cette source.
EXEMPLARITÉ
La France et plusieurs de ses alliés européens et africains ont déjà officiellement formé à la fin mars la "task force Takuba", composée de forces spéciales européennes combattant au côté des armées malienne et nigérienne au Sahel. [nL8N2BK81Y]
Si les forces françaises et leurs partenaires ont enregistré plusieurs succès - notamment en tuant la semaine dernière le chef d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abdelmalek Droukdel, lors d'une opération dans le nord du Mali [nL8N2DI5K9] - les djihadistes poursuivent leurs attaques et avancent vers le sud, comme en témoigne une attaque jeudi dans le nord de la Côte d'Ivoire. [nL8N2DO2U4]
Dans le même temps, Amnesty International a dénoncé des exactions commises par les forces armées nationales dans la région, dont des exécutions extrajudiciaires de civils.
"S'il y a des exactions contre les civils, vous ne pouvez pas vous attendre à ce qu'ils collaborent", a déclaré Drissa Traoré, militants malien des droits de l'homme, lors d'une conférence de presse jeudi.
Dans son discours, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a appelé à l'"exemplarité".
"Le retour des forces nationales (...) doit se faire dans un climat de confiance. Alors que des allégations d’exactions se multiplient, il est donc crucial de lutter fermement contre toute forme d’impunité et de veiller au strict respect du droit international humanitaire", a-t-il dit.
(Aaron Ross à Dakar et Bate Felix et John Irish à Paris avec Boureima Balima à Niamey; version française Myriam Rivet et Henri-Pierre André, édité par Jean-Michel Bélot)