KUALA LUMPUR (Reuters) - La Malaisie va élaborer une politique visant à interdire les exportations de "matières premières de terres rares" afin d'éviter l'exploitation et la perte de ressources, a déclaré lundi le Premier ministre Anwar Ibrahim.
La Malaisie abrite une fraction des réserves mondiales de terres rares, évaluée en 2019 à 30.000 tonnes métriques par l'Institut d'études géologiques des États-Unis. La Chine est la plus grande source avec des réserves estimées à 44 millions de tonnes.
Toutefois, cette décision intervient alors que les pays du monde entier cherchent à diversifier leurs sources d'approvisionnement en terres rares critiques, qui sont utilisés dans la production de puces à semi-conducteurs, de véhicules électriques et d'équipement militaire.
Plus tôt cette année, la Chine a elle-même annoncé une restriction sur les exportations de certains métaux rares largement utilisés dans l'industrie des semi-conducteurs, une mesure perçue comme une représaille aux restrictions imposées par les États-Unis sur les ventes de technologies à la Chine.
Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim a déclaré que le gouvernement soutiendrait le développement de l'industrie des terres rares en Malaisie et qu'une interdiction "garantirait un rendement maximal pour le pays".
Il n'a pas précisé quand l'interdiction proposée entrerait en vigueur.
L'industrie des terres rares devrait contribuer à hauteur de 9,5 milliards de ringgit au produit intérieur brut (PIB) du pays en 2025 et créer près de 7.000 emplois, a déclaré Anwar Ibrahim au Parlement.
"Une cartographie détaillée des sources de terres rares et un modèle commercial complet combinant les industries en amont, en aval et en milieu de chaîne seront développés pour maintenir la chaîne de valeur des terres rares dans le pays", a-t-il ajouté.
L'entreprise australienne Lynas Rare Earths Ltd, le plus grand producteur de terres rares en dehors de la Chine, possède une usine en Malaisie pour traiter le concentré qu'elle produit en Australie.
On ne sait pas si l'interdiction d'exportation prévue par la Malaisie aura un impact sur Lynas, qui n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.
(Reportage A. Ananthalakshmi et Rozanna Latiff à Kuala Lumpur ; avec la contribution de Mai Nguyen à Hanoï et Melanie Burton à Melbourne ; version française Augustin Turpin, édité par Blandine Hénault)