A la traîne jusque-là des valeurs phares de Wall Street, les petites et moyennes capitalisations, plus dépendantes de l'économie américaine, sont les grandes gagnantes du rebond de la Bourse de New York depuis l'élection de Donald Trump.
L'indice Russell 2000, qui regroupe approximativement 2000 des plus petites entreprises du marché new-yorkais, a pris 11,40% depuis le 7 novembre, veille de l'élection, soit trois fois plus que l'indice S&P 500, des 500 plus importantes capitalisations.
"L'élection a mis le feu aux titres des petites et moyennes capitalisations", a indiqué Michael James de Wedbush Securites.
Il fait observer que la plupart d'entre elles sont des entreprises dont les activités se limitent aux Etats-Unis et qu'elles devraient davantage profiter d'une présidence Trump que les multinationales.
Ces entreprises profitent donc maintenant de ce qui les avait pénalisées depuis le milieu de l'année 2015: une plus grande exposition à l'économie américaine, qui montrait alors quelques signes de faiblesse.
"Il y avait alors plus d'inquiétudes que leurs résultats en pâtissent", a rappelé Tom Cahill de Ventura Wealth Management.
"Maintenant ce qui se passe, c'est qu'elles s'envolent sur l'idée que dans leur cas l'effet de levier de l’économie américaine est plus important et qu'elles ont une moindre exposition à un dollar fort car la plupart de leurs revenus sont réalisés ici aux Etats-Unis", a-t-il détaillé.
En parallèle du marché des actions, le dollar a bondi de 3,23% depuis l’élection face à un panier de six devises matérialisées par le dollar index.
Un dollar qui se renforce réduit mécaniquement les résultats des entreprises quand ils sont convertis en monnaie américaine et plombe donc les résultats de celles ayant des implantations dans le reste du monde.
De plus, les entreprises américaines de taille plus modeste exportent généralement moins que les membres du S&P 500 et souffrent donc moins d'un dollar fort qui les rend moins compétitives face à leurs concurrents étrangers.
- Effet taux -
Leur horizon est donc plus dégagé "par rapport aux grandes entreprises, qui elles risquent de souffrir de la politique étrangère de Trump autant que l'on puisse en connaître les détails", a ajouté Gregori Volokhine, de Meeschaert, estimant que l’on assiste là "à un mouvement de fond".
Dans ce contexte, le Russell 2000, créé en 1984 et qui pèse 8% de l'ensemble du marché d'actions américain, devrait continuer à avoir les faveurs des investisseurs, tant que la tendance reste à la hausse.
"Dans un marché qui monte, quand l'économie et les résultats s'accroissent et que les actions grimpent, les petites capitalisations s'en tirent normalement mieux", indiqué Hugh Johnson de Hugh Johnson Advisors.
A titre d'indication, fin juin la plus petite capitalisation de l'indice Russell 2000 n'était que de 14,4 millions de dollars, et la plus importante de 4,1 milliards de dollars.
"Il n'est pas difficile d'imaginer une entreprise qui fait seulement 10 millions de dollars de chiffre d'affaires doubler de volume mais une entreprise qui en fait 10 milliards aura bien plus de mal a doubler de taille. C'est la loi des grands nombres", a-t-il développé.
De plus, les grandes entreprises risquent de souffrir davantage du tarissement de leur principal carburant ces dernières années, la faiblesse des taux d’intérêts.
"Les plus petites entreprises avaient été délaissées par les investisseurs car il est plus facile d'acheter des grandes entreprises connues comme Amazon (NASDAQ:AMZN) ou Merck (NYSE:MRK)" ou des indices, principalement le S&P 500, a expliqué Gregori Volokhine.
Désormais, les petites capitalisations pourraient se révéler plus attirantes au moment où les investisseurs à la recherche de rendements se sont déjà détournés du marché obligataire au profit de la Bourse.
En outre, "une bonne partie du Russell 2000 sont des entreprises du secteur financier, (qui) montent sur la base d'une hausse des taux d'intérêts", a ajouté Tom Cahill.
Les entreprises du secteur des services financiers représentent en effet 26,5% de l'indice Russell 2000 alors qu'elles ne pèsent que 13,3% de l'indice S&P500, considéré comme le plus représentatif du marché par les investisseurs.