A quelques jours des chassés-croisés de juillet-août, les professionnels du tourisme ne se font guère d'illusions: même un excellent mois d'août, s'il avait lieu, ne devrait pas compenser la baisse d'activité de l'avant-saison et de juillet, liée à la crise et à une mauvaise météo.
"On aura forcément une saison en baisse", affirme à l'AFP Didier Arino, le directeur du cabinet Protourisme.
"Août ne compensera pas juillet, c'est clair", renchérit Roland Héguy, président de la principale fédération d'hôteliers et restaurateurs (Umih).
Pour le PDG des résidences Odalys, François Mariette, "c'est plus difficile que l'an dernier. On sent que ça coince dans les budgets. La consommation des gens sur place est moindre, comme les dépenses dans les restaurants".
"Et les gens restent moins longtemps", relève Guylhem Féraud, le président de la fédération des campings (FNHPA).
Sur 840 hébergeurs interrogés par Protourisme (campings, résidences de tourisme, hôtels, gîtes... qui représentent près de 2 millions de lits), 64% ont ainsi vu leur activité baisser en juillet (en nuitées), 24% sont stables et 12% en hausse.
Aucun mode d'hébergement n'est épargné, même les campings, plus économiques.
"On avait débuté juillet avec des réservations très en retard, entre -10 et 15% et on s'est un peu rattrapés sur la deuxième quinzaine dès qu'il a fait beau. Mais on termine juillet sur une baisse de 2% à 4%" en nuitées, et encore plus en recettes, dit à l'AFP Guylhem Féraud.
Dans l'hôtellerie, le patron de l'Umih évoque une baisse de 10% des nuitées en juillet, "y compris à Nice ou à Cannes". "Tout le littoral de la Manche au pays basque est en recul", et c'est l'hôtellerie milieu de gamme qui souffre le plus.
Le syndicat concurrent Synhorcat parle globalement d'une "activité en berne" et tire la sonnette d'alarme en espérant "un mois d'août exceptionnel".
Les résidences de vacances et les villages de vacances tirent toutefois mieux leur épingle du jeu, selon Protourisme.
Chez Odalys, la baisse sur la côte Atlantique est de 2-3%, "et jusqu'à 5% sur la côté normande". "Mais on note une forte hausse sur la montagne. Les gens savent que ça ne coûte pas cher, qu'il y a de la place, et la bonne météo a aidé", dit M. Mariette.
"Tout compris"
Fait notoire, 70% des ventes réalisées en juillet l'ont été grâce à des promotions, selon Protourisme.
Les formules en clubs de vacances "tout compris" qui limitent le budget se vendent bien, indique Jean-Pierre Nadir, président du site Easyvoyage.
Il constate une hausse de 20% des recherches de dernière minute "faites le mercredi pour départ le samedi même".
Pour les départs à l'étranger, le trio de tête sur Easyvoyage est l'Espagne, l'Italie et la Grèce. Chez Lastminute.com, c'est Tunisie, Canaries et Crète.
Selon le président du Synhorcat, Didier Chenet, "manifestement le secteur tout entier est entré dans la crise".
Le phénomène ne touche pas seulement les Français, mais aussi les touristes belges, italiens, espagnols..., selon le Synhorcat.
Quant au mois d'août qui s'esquisse, il devrait être moins bon que l'excellent cru d'août 2012, estiment les professionnels.
Parmi les hébergeurs interrogés, 27% évoquent des réservations en hausse ou forte hausse, 33% une stabilité et 30% en baisse, indique Protourisme.
Côté campings, M. Féraud est plus optimiste. "Août se présente bien. On a bien rattrapé le retard du début de l'été grâce aux réservations de dernière minute. Au final la saison sera peut-être en retrait de 1 à 2%, mais ça ne devrait pas être dramatique... sauf si la météo s'en mêle".
Chez Odalys, M. Mariette est sûr que "la deuxième quinzaine d'août sera bonne".
Le directeur général d'Atout France, Christian Mantei, met en garde contre le catastrophisme. "Il faut être prudent, nous ne sommes que fin juillet et il est impossible d'avoir un bilan définitif", dit-il à l'AFP.
Concernant les touristes étrangers, "si certaines clientèles en provenance d'Espagne ou d'Italie semblent en baisse, l'Europe du Nord et les marchés lointains continuent de porter la destination France, notamment les Russes, les Brésiliens, les Chinois ou encore les Américains et les Japonais".