Le Fonds monétaire international (FMI) a débloqué lundi un milliard de dollars de prêt à l'Ukraine, un versement qui avait été repoussé en raison du blocus imposé à l'Est séparatiste.
Le président ukrainien Petro Porochenko a estimé sur sa page Facebook (NASDAQ:FB) qu'il s'agissait d'"un signe de plus des réformes mises en oeuvre en Ukraine".
Le FMI a précisé que ce nouveau versement portait à 8,38 milliards de dollars les fonds versés par le Fonds dans le cadre du plan d'aide de 17,5 milliards de dollars accordé en 2015 à Kiev, alors au bord du défaut sur sa dette, en contrepartie à des mesures de rigueur.
Le conseil d'administration du FMI devait initialement se pencher le 20 mars sur l'octroi d'une nouvelle tranche de ce crédit. Il avait repoussé sine die cette discussion pour évaluer les conséquences de la décision de Kiev de mettre fin à ses liens commerciaux avec les régions de l'Est sous contrôle des séparatistes prorusses.
A la suite de ce blocus, la banque centrale a abaissé sa prévision de croissance du produit intérieur brut pour 2017 à 1,9% contre 2,8% auparavant. Elle avait auparavant estimé la croissance à 1,8% en 2016, marquant une timide reprise après un effondrement de près de 15% sur les deux années précédente.
Selon la banque centrale, les exportations de l'industrie métallurgique, concentrée dans l'Est, vont diminuer tandis que les importations de charbon vont augmenter. Kiev va devoir en effet trouver d'autres sources d'approvisionnement que les mines de charbon des régions séparatistes.
Le conflit dans l'Est a fait plus de 10.000 morts depuis trois ans.
"L'économie ukrainienne montre des signes bienvenus de reprise. La croissance est de retour, l'inflation a été abaissée et les réserves internationales ont doublé. Ces progrès doivent beaucoup aux actions décisives des autorités, incluant des bonnes politiques macro-économiques. La stabilisation récente apporte les bases pour davantage de croissance", a affirmé le directeur-général adjoint du FMI, David Lipton, cité dans un communiqué.
- Réformes structurelles -
Il a toutefois souligné que des réformes structurelles sont encore nécessaires pour "parvenir à une croissance plus rapide et durable, augmenter les revenus et permettre à l'Ukraine de rattraper les autres pays de la région". Il a notamment cité le besoin de privatiser davantage et de créer un marché pour les terres agricoles.
"La corruption doit être combattue vigoureusement", a-t-il ajouté, estimant que la création de nouvelles structures n'avait pas encore permis de dégager des résultats concrets dans ce domaine.
Le FMI a également estimé que la dette publique restait trop élevée et appelé à une réforme rapide du système des retraites s'accompagnant d'un allongement de la durée du travail. Il a salué la politique de la Banque centrale en indiquant que son indépendance devait être préservée.
Concernant le secteur bancaire, il a ajouté que la renationalisation de la plus importante banque du pays avait permis de préserver la stabilité financière mais doit être suivie "d'efforts déterminés pour assurer le remboursement des prêts afin d'en minimiser le coût pour les contribuables".
La banque centrale ukrainienne a pour sa part qualifié de "vote de confiance" de la part de la communauté financière internationale la décision du FMI. Elle a estimé que son travail d'assainissement du secteur bancaire avait largement contribué à permettre au FMI de débloquer les fonds prévus. "Cela enverra un message clair à tous ceux qui ont essayé d'exploiter illégalement le secteur bancaire à leur avantage", a affirmé la banque centrale dans un communiqué.
Le président Porochenko avait imposé à la mi-mars des sanctions aux filiales des banques publiques russes opérant en Ukraine parmi lesquelles les géants publics Sberbank et VTB, leur interdisant de sortir des fonds du pays.
L'Ukraine fait également face à la menace de banques "zombies" que la banque centrale tente d'éliminer mais qui arrivent à "ressusciter" grâce à des décisions de justice. Ces banques disposent d'actifs moins élevés que les prêts de mauvaise qualité accordés, présentant un risque important de ne jamais être remboursé. En difficultés, elles nécessitent l'aide des pouvoirs publics pour continuer à fonctionner.