par Gilles Guillaume
PARIS (Reuters) - Renault (EPA:RENA) détaillera le mois prochain sa future entité électrique aux investisseurs et aux analystes financiers, point d'orgue de son travail de promotion en vue d'une introduction en Bourse qui pourrait valoriser "Ampère" jusqu'à dix milliards d'euros.
Le groupe au losange a annoncé jeudi dans un communiqué que le très attendu "Capital Market Day" (CMD) dédié à l'entité se tiendrait le mercredi 15 novembre à Paris.
"A cette occasion, Luca de Meo présentera la stratégie d'Ampère et ses objectifs moyen terme", a ajouté Renault.
Au salon de l'automobile de Munich, début septembre, le directeur général du constructeur avait déclaré qu'Ampère pourrait valoir "huit, neuf, dix" milliards" lors de son IPO envisagée au printemps prochain si les conditions de marché le permettent.
Il s'était ensuite envolé pour New York afin de promouvoir son projet devant des investisseurs.
Réponse de Renault à Tesla (NASDAQ:TSLA) ou aux nouveaux venus chinois, Ampère se veut un "pure player" de l'électrique et des logiciels, plus libre de ses mouvements dans un secteur automobile en mutation rapide, et plus simple dans sa lecture que s'il restait imbriqué dans les activités thermiques d'un groupe automobile plus que centenaire.
Les contours de l'entité sont déjà connus: trois usines d'assemblage de véhicules et de transmissions dans le Nord de la France et un important contingent d'ingénieurs au Technocentre (Yvelines), auxquelles viendront s'ajouter la production de batteries des gigafactories d'AESC Envision et de Verkor, dans le Nord également, ainsi que les moteurs électrique de Cléon (Seine-Maritime).
Ampère, qui emploiera environ 10.000 personnes, s'incarnera l'an prochain dans un premier produit, la Renault 5. L'entité, qui continue actuellement à mettre ses équipes en ordre de bataille, vise un bénéfice d'exploitation et un free cash flow à l'équilibre à partir de 2025 et une marge à deux chiffres en 2030.
Le partenaire historique de Renault au sein d'une alliance en cours de restructuration, Nissan (TYO:7201), s'est engagé à investir jusqu'à 600 millions d'euros dans l'activité. L'autre partenaire japonais de l'alliance, Mitsubishi, pourrait lui emboîter le pas, tout comme le géant américain des semi-conducteurs Qualcomm (NASDAQ:QCOM), qui a l'intention d'y investir soit directement, soit via une de ses filiales.
Renault, qui restera majoritaire dans Ampère, estime par ailleurs que plus de 10% du capital de l'entité devraient rester flottants pour assurer "assez de liquidité" en Bourse au nouveau titre.
Confrontés à des investissements massifs pour financer l'électrification des voitures, plusieurs stratégies sont en présence.
Stellantis, par exemple, se refuse à scinder ses activités thermiques historiques et ses nouvelles activités électriques au nom de l'unicité du groupe, tandis qu'à côté d'Ampère, Renault a pour sa part déjà créé une co-entreprise avec des partenaires pour y loger ses motorisations essence et diesel.
(Reportage Gilles Guillaume, édité par Nicolas Delame)