par Marc Angrand
PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en nette hausse mardi et atteint leurs plus hauts niveaux depuis plus de deux mois et demi, la poursuite du rebond à Wall Street favorisant le regain d'appétit pour le risque à la faveur d'une nouvelle série de bons résultats de sociétés des deux côtés de l'Atlantique.
Sur le marché des changes, le dollar reste bien orienté et a touché un pic de dix jours dans l'attente du discours sur l'état de l'Union du président américain, Donald Trump.
À Paris, le CAC 40 a fini sur une progression de 1,66% (83,15 points) à 5.083,34 points, sa meilleure clôture depuis le 13 novembre.
A Londres, le FTSE 100 a gagné 2,04% et à Francfort, le Dax a progressé de 1,71%.
L'indice EuroStoxx 50 a pris 1,57%, le FTSEurofirst 300 1,45% et le Stoxx 600 1,41%, lui aussi au plus haut depuis la mi-novembre.
"Les marchés actions européens amplifient leur rally en dépit du malaise économique actuel dans la zone euro", constate David Madden, analyste de CMC Markets UK. "Les traders actions ont laissé de côté les indicateurs économiques mitigés de la région car ils pensent que la Banque centrale européenne ajustera sa politique si la situation se détériore."
Certains responsables de la Banque centrale européenne (BCE) sont réticents à l'idée de modifier le discours de l'institution sur l'évolution future des taux d'intérêt car cela risquerait de lier les mains du prochain président de l'institution avant même sa nomination, a-t-on appris de quatre sources proches du dossier.
VALEURS
Le regain d'appétit pour le risque qui a porté les grands indices européens a profité à la totalité des secteurs à l'exception de celui, défensif, de l'immobilier, qui abandonne 0,31% sur la journée.
La meilleure performance revient au compartiment des biens de consommation non-contrainte, dont l'indice Stoxx a pris 2,3% avec entre autres le bond de 17,63% du joaillier danois Pandora après ses résultats.
Mais la hausse la plus marquante du jour est pour le pétrolier britannique BP (LON:BP), dont le titre a gagné 5,17% après des résultats supérieurs aux attentes.
Dans le secteur bancaire, dont l'indice Stoxx a pris 1,49%, Intesa Sanpaolo (MI:ISP) a progressé de 1,59% après ses résultats annuels, un mauvais quatrième trimestre n'ayant pas suffi à remettre en cause sa promesse de distribuer 3,45 milliards d'euros de dividendes.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, les grands indices américains étaient solidement orientés à la hausse: le Dow Jones s'adjugeait 0,63%, le Standard & Poor's 500 0,35% et le Nasdaq Composite 0,63%.
Le S&P-500 se dirige ainsi vers sa cinquième séance consécutive dans le vert.
Les investisseurs continuent d'applaudir les résultats supérieurs aux attentes, comme ceux d'Estée Lauder (+12,34%) ou Ralph Lauren (+8,04%) malgré les déceptions de certains poids lourds comme Alphabet (NASDAQ:GOOGL) (-0,79%).
LES INDICATEURS DU JOUR
Au chapitre macroéconomique, les résultats définitifs des enquêtes mensuelles IHS Markit ont confirmé la poursuite du ralentissement de l'activité dans la zone euro: l'indice PMI composite pour l'ensemble de la région est revenu à 51,0 en janvier, son plus bas niveau depuis juillet 2013. Il est toutefois légèrement supérieur à l'estimation "flash", qui l'avait donné à 50,7..
Aux Etats-Unis, l'indice ISM du secteur des services continue de traduire une croissance soutenue de l'activité mais à 56,7 en janvier, il ressort au plus bas depuis juillet dernier.
CHANGES
Le dollar s'apprécie de 0,22% face à un panier de devises de référence, porté par les espoirs de bonnes nouvelles sur le dossier du commerce USA-Chine à l'occasion du discours sur l'état de l'Union, que Donald Trump doit prononcer devant les deux chambres du Congrès américain à partir de 21h00 à Washington (02h00 GMT).
L'"indice dollar" a atteint en séance son plus haut niveau depuis le 25 janvier.
L'euro, lui, pénalisé par les indices PMI, cède plus de 0,2% face au billet vert et se maintient tout juste au-dessus du seuil de 1,14 dollar.
Grande perdante du jour côté devises, la livre sterling s'est orientée à la baisse après le chiffre inférieur aux attentes de l'indice PMI des services au Royaume-Uni, un repli qui s'est amplifié après l'enfoncement de sa moyenne mobile à 200 jours face au dollar. La devise britannique a ainsi touché un plus bas de deux semaines face au billet vert pour repasser sous 1,30 dollar.
Le franc suisse, pénalisé par la désaffection pour les valeurs refuges, a touché un plus bas de 12 semaines face au dollar.
TAUX
Longtemps orientés à la hausse en réaction à la progression des marchés actions, les rendements des emprunts d'Etat de la zone euro ont cédé du terrain en fin de séance dans le sillage des Treasuries.
Celui du Bund allemand à dix ans termine ainsi la journée à 0,165% après être monté brièvement au-dessus de 0,2%.
Son équivalent américain est revenu sous 2,7% contre 2,724% en fin de journée lundi.
A noter aussi, la nette remontée des rendements italiens après la publication de l'indice PMI national des services, qui traduit une contraction de l'activité, et l'annonce par le Trésor d'un projet d'emprunt syndiqué à 30 ans.
PÉTROLE
Le marché pétrolier est tiraillé entre les mauvaises nouvelles récentes sur la demande mondiale, et notamment la baisse des commandes à l'industrie aux Etats-Unis, et l'anticipation de tensions sur l'offre en cas de durcissement des sanctions américaines contre le Venezuela.
Le Brent et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) oscillent ainsi autour de l'équilibre après avoir touché lundi leur plus haut niveau depuis le début de l'année, à 63,63 dollars pour le premier et 55,75 pour le second.
(Édité par Blandine Hénault)