Les géants de la cosmétique, prêts à renoncer à la poudre de talc

Publié le 09/06/2020 14:33
Mis à jour le 09/06/2020 14:35
© Reuters. LES GÉANTS DE LA COSMÉTIQUE, PRÊTS À RENONCER À LA POUDRE DE TALC
SASY
-
JNJ
-
ZC
-

par Martinne Geller et Lisa Girion

LONDRES/LOS ANGELES (Reuters) - Les géants de la cosmétique Chanel, L'Oréal et Revlon renoncent progressivement à la poudre de talc, utilisée dans nombre de leurs produits de beauté, alors que les actions en justice liées au développement de cancers se multiplient, reflet des préoccupations croissantes des consommateurs en matière de santé.

La perception négative du minéral, qui se loge parfois dans la même roche que l'amiante, un cancérigène puissant, poussent à présent les trois entreprises à trouver des alternatives.

Des milliers de plaintes avaient ainsi déposées dès 2013 contre la société pharmaceutique Johnson & Johnson (NYSE:JNJ), accusée de vendre des produits contenant de l'amiante.

Une enquête de Reuters, parue en 2018, avait révélé que J&J avait connaissance de la toxicité potentielle de ses poudres corporelles qui, à partir de 2017, aurait entraîné le développement de nombreux cancers.

L'entreprise américaine, qui avait contesté le rapport de Reuters, a toutefois annoncé le mois dernier qu'elle retirait de la vente, aux États-Unis et au Canada, son talc pour bébé.

D'autres fabricants de poudres de talc, comme Revlon, Chanel et Avon, font également l'objet de poursuites.

En mars dernier, Amy Wyatt, représentante de Chanel, a commenté le dossier judiciaire d'une femme californienne ayant contracté un mésothéliome, une forme rare de cancer dont la seule cause établie à ce jour est l'exposition à l'amiante. La plaignante utilisait une poudre corporelle à base de talc que Chanel avait choisi de retirer du marché en 2016.

"C'était un produit sûr", a déclaré Amy Wyatt lors de sa déposition, mais "nous avons décidé de respecter la perception du public et de le retirer du marché".

Si le porte-parole de Revlon a affirmé que la société avait retiré le talc de ses produits corporels, sans toutefois commenter le litige, L'Oréal préférerait trouver un composant susceptible de remplacer le talc dans ses cosmétiques.

DES ALTERNATIVES EXISTENT

"Des alternatives partielles bien connues existent, et nous continuons d'explorer et d'envisager les plus performantes d'entre elles", a déclaré l'entreprise à Reuters par e-mail.

L'Oréal exige de ses fournisseurs qu'ils certifient que le talc soit exempt d'amiante, en plus d'effectuer des tests en interne, a précisé sa porte-parole.

Le groupe allemand Beiersdorf a indiqué avoir opté, en 2018, pour la fécule de maïs dans sa poudre pour bébé Nivea. Impliqué dans 165 actions en justice, Bausch Health a changé, la même année, la formule de sa poudre Shower To Shower pour s'adapter aux tendances du marché, et non pour des raisons sécuritaires, a précisé une représentante de la société canadienne.

Avon, qui a refusé de commenter le sujet, a déclaré dans le cadre d'un dossier que 128 procès, mettant en cause ses produits à base de talc, étaient actuellement en cours.

A l'origine de la poudre Gold Bond, le groupe pharmaceutique français Sanofi (PA:SASY) conteste "vigoureusement" les poursuites judiciaires engagées contre lui.

Cette année encore, 139.350 tonnes de talc devraient être consommées à l'échelle mondiale, d'après les données d'Euromonitor International.

Alors qu'elle devrait analyser 50 échantillons cosmétiques en 2020, la FDA (U.S. Food and Drug Administration) envisage d'établir une norme d'essai spécifique à l'amiante.

Suivant les avertissements officieux du ministère de la Santé canadien, la décision d'une restriction, voire d'une interdiction, de l'utilisation du talc dans certains produits au Canada devrait être rendue l'an prochain.

© Reuters. LES GÉANTS DE LA COSMÉTIQUE, PRÊTS À RENONCER À LA POUDRE DE TALC

(Avec la contribution de Ritsuko Shimizu; version française Juliette Portala, édité par Jean-Michel Bélot)

Derniers commentaires

Installez nos applications
Divulgation des risques: Négocier des instruments financiers et/ou des crypto-monnaies implique des risques élevés, notamment le risque de perdre tout ou partie de votre investissement, et cela pourrait ne pas convenir à tous les investisseurs. Les prix des crypto-monnaies sont extrêmement volatils et peuvent être affectés par des facteurs externes tels que des événements financiers, réglementaires ou politiques. La négociation sur marge augmente les risques financiers.
Avant de décider de négocier des instruments financiers ou des crypto-monnaies, vous devez être pleinement informé des risques et des frais associés aux transactions sur les marchés financiers, examiner attentivement vos objectifs de placement, votre niveau d'expérience et votre tolérance pour le risque, et faire appel à des professionnels si nécessaire.
Fusion Media tient à vous rappeler que les données contenues sur ce site Web ne sont pas nécessairement en temps réel ni précises. Les données et les prix sur affichés sur le site Web ne sont pas nécessairement fournis par un marché ou une bourse, mais peuvent être fournis par des teneurs de marché. Par conséquent, les prix peuvent ne pas être exacts et peuvent différer des prix réels sur un marché donné, ce qui signifie que les prix sont indicatifs et non appropriés à des fins de trading. Fusion Media et les fournisseurs de données contenues sur ce site Web ne sauraient être tenus responsables des pertes ou des dommages résultant de vos transactions ou de votre confiance dans les informations contenues sur ce site.
Il est interdit d'utiliser, de stocker, de reproduire, d'afficher, de modifier, de transmettre ou de distribuer les données de ce site Web sans l'autorisation écrite préalable de Fusion Media et/ou du fournisseur de données. Tous les droits de propriété intellectuelle sont réservés par les fournisseurs et/ou la plateforme d’échange fournissant les données contenues sur ce site.
Fusion Media peut être rémunéré par les annonceurs qui apparaissent sur le site Web, en fonction de votre interaction avec les annonces ou les annonceurs.
La version anglaise de ce document est celle qui s'impose et qui prévaudra en cas de différence entre la version anglaise et la version française.
© 2007-2025 - Fusion Media Ltd Tous droits réservés