MADRID (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) maintiendra ses taux d'intérêt à un niveau élevé pendant une période prolongée et pourrait même les relever à nouveau si nécessaire, ont déclaré vendredi plusieurs de ses responsables, repoussant ainsi certaines anticipations de marché selon lesquels les taux de la zone euro commenceront à baisser dès le printemps prochain.
"Nous n'avons pas décidé, discuté ni même évoqué de baisses (de taux d'intérêt)", a déclaré la présidente de la BCE, Christine Lagarde lors d'une conférence de presse à Saint-Jacques-De-Compostelle, en Espagne, où se tient une réunion informelle des ministres des Finances de l'Union européenne.
La BCE a relevé jeudi pour la dixième fois d'affilée ses taux d'intérêt, portant son taux de dépôt à 4% alors qu'il était encore négatif il y a 14 mois, face à des pressions inflationnistes persistantes.
L'institution a toutefois signalé dans son communiqué que l'actuel cycle de resserrement monétaire, le plus agressif depuis la création de la zone euro, touchait probablement à sa fin alors que l'économie de la zone euro ralentit.
Christine Lagarde a déclaré vendredi que les taux seront maintenus à un niveau élevé "suffisamment longtemps" pour que l'inflation revienne à l'objectif de 2% de la BCE et qu'il n'y avait pas de calendrier lié à ce processus, les décisions étant prises au fur et à mesure des réunions, en fonction des données reçues.
Le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, a pour sa part déclaré que les anticipations concernant une baisse de taux en juin 2024 n'étaient que des paris de marché pouvaient facilement s'avérer incorrects.
"L'inflation va continuer à baisser, qu'il s'agisse de l'inflation globale ou de l'inflation de base. Les marchés s'y attendent mais ils peuvent aussi se tromper; ils se basent sur une série d'hypothèses, qui parfois ne se réalisent pas, que nous commencerons à baisser les taux en juin 2024. C'est un pari, il peut être juste comme il peut ne pas l'être", a-t-il déclaré sur les ondes de la radio Cadena Cope.
"Cela dépendra d'un grand nombre de facteurs, cela dépendra des données", a-t-il ajouté.
Les analystes de Citigroup (NYSE:C) ont déclaré vendredi tabler désormais sur une baisse des taux de la BCE en juin 2024 au lieu de septembre 2024.
"Nous avons clairement indiqué que nous resterions en territoire restrictif aussi longtemps que nécessaire pour ramener l'inflation à 2%", a déclaré pour sa part Martins Kazaks, le gouverneur de la banque centrale de Lettonie.
Les marchés estiment désormais qu'il y a une faible chance que la BCE réduise ses taux dès le mois d'avril et s'attendent à une baisse de 25 points de base d'ici juillet.
"Les marchés doivent prendre position, mais (une baisse des taux en avril) n'est pas compatible avec notre scénario macroéconomique", a prévenu Martins Kazaks.
(Reportage de Jesús Aguado, version française Claude Chendjou et Diana Mandiá, édité par Blandine Hénault)