par Blandine Henault
PARIS (Reuters) - A l'exception de Londres, les Bourses européennes ont terminé l'année 2017 en baisse, l'euro fort, la stabilité de Wall Street et la faiblesse des échanges n'ayant guère encouragé les prises de positions.
Les investisseurs présents sur les actions en 2017 se sont d'ores et déjà félicités des performances positives, parfois à deux chiffres, affichées cette année par les principales Bourses mondiales.
À Paris, le CAC 40 a terminé vendredi en repli de 0,5% à 5.312,56 points. L'indice phare de la Bourse de Paris affiche un gain annuel de 9,26%, soit sa meilleure performance depuis 2013, au cours d'une année qui aura vu le palmarès des capitalisations être bousculé, au profit de LVMH (PA:LVMH).
Le Footsie britannique s'est payé le luxe de terminer l'année sur un plus haut historique. L'indice a gagné 0,85% vendredi, favorisé notamment par son exposition au secteur des ressources de base, et progresse de 7,63% en 2017.
Le Dax allemand a clôturé vendredi en hausse de 0,48% pour afficher un gain de 12,51% depuis le début de l'année. Le Stoxx 600 a pour sa part reculé de 0,11% et gagne 7,66% sur l'ensemble de l'année, sa meilleure performance depuis quatre ans.
A Wall Street, les trois indices américains évoluent en légère baisse vendredi après leur progression quasiment en ligne droite sur 2017.
Depuis le début de l'année, le Dow Jones affiche ainsi un gain de plus de 25%, le S&P 500 de 20% et le Nasdaq Composite de 29%. Le compartiment technologique s'est notamment distingué avec un bond de plus de 37% en 2017.
LE MSCI ACWI À UN PLUS HAUT HISTORIQUE
Une reprise mondiale synchronisée, de solides résultats d'entreprises, des banques centrales encore accommodantes en dépit de la poursuite ou d'un début de normalisation des politiques monétaires ont permis à l'ensemble des marchés d'actions mondiaux de monter cette année.
Les risques étaient pourtant bien présents, avec des changements de gouvernance dans plusieurs pays occidentaux - Etats-Unis et France en tête -, un accroissement des tensions géopolitiques et des inquiétudes sur l'économie chinoise, moteur du commerce mondial.
En Asie, l'indice Nikkei à Tokyo a gagné 19,1% en 2017 et la Bourse de Shanghai a progressé de 6,58% en dépit des craintes sur un resserrement des liquidités.
L'indice MSCI des pays émergents a grimpé de 34% cette année, et l'indice MSCI mondial ACWI a bondi de 21,9% pour atteindre un plus haut historique.
Le niveau historiquement faible de volatilité en 2017 reflète "la confiance sans faille des investisseurs dans la reprise économique qui devient de plus en plus palpable, partout dans le monde", indique Franklin Pichard, directeur général de Kiplink Finance.
"Bien que les perspectives économiques mondiales apparaissent de plus en plus prometteuses, comme le montrent les indicateurs de confiance du consommateur et des milieux d'affaires, la nature plus prudente des investisseurs les porte à penser que les marchés pourraient déjà avoir intégré la majorité des bonnes nouvelles", nuance tout de même Michael Metcalfe, en charge de la stratégie macroéconomique mondiale chez State Street.
Les investisseurs seront notamment attentifs en 2018 à une éventuelle accélération de l'inflation qui pourrait précipiter un resserrement monétaire des banques centrales. Les valorisations très élevées de Wall Street rendent aussi le marché d'actions américain vulnérable à une éventuelle correction.
Les risques politiques seront aussi présents, à commencer par la tenue, le 4 mars, d'élections législatives en Italie. Les enquêtes d'opinion montrent que ce scrutin pourrait aboutir à une situation de blocage, aucune formation n'étant en mesure de dégager une majorité absolue, ce qui devrait encore accentuer l'instabilité politique dans le pays.
Vendredi, le rendement des obligations italiennes à 10 ans a touché le seuil de 2% pour la première fois depuis plus de deux mois. L'écart de rendement avec le Bund allemand s'est élargi pour atteindre un plus haut depuis fin octobre, à près de 158 points de base.
L'indice FTSE MIB à Milan a chuté de 1,21%, à son plus bas depuis début septembre.
L'EURO À PLUS DE 1,20 DOLLAR
Le rendement du Bund allemand a terminé l'année autour de 0,43% après avoir culminé jusqu'à 0,63% en juillet après le discours du président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, fin juin à Sintra au Portugal. Les marchés avaient alors perçu ses déclarations comme le signal d'un ralentissement prochain des achats d'actifs de la BCE, une sortie progressive finalement annoncée en octobre.
Les mêmes propos avaient porté l'euro jusqu'à un pic annuel de 1,2092 dollar en août, un niveau non loin de celui affiché par la monnaie unique européenne ce vendredi, autour de 1,2020.
La récente hausse de l'euro s'explique avant tout par un accès de faiblesse du dollar depuis la mi-décembre, une fois intégrées la perspective d'un nouveau relèvement des taux de la Fed et l'adoption de la réforme fiscale aux Etats-Unis.
Le billet vert s'apprête à accuser une baisse de près de 10% cette année face à un panier de devises de référence, son plus fort repli depuis 2003.
Cette faiblesse du dollar a constitué un des éléments favorables aux matières premières cette année. Les cours du brut ont ainsi renoué avec des plus hauts depuis la mi-2015 dans un contexte de réduction de la production mises en oeuvre par l'Opep et certains autres pays producteurs, et de dynamisme de la demande.
Les cours des métaux industriels, du gaz naturel liquéfié (GNL) et même de l'acier ont aussi atteint des plus hauts grâce notamment à la demande chinoise pour des énergies fossiles plus propres.
L'or, qui a renoué vendredi avec un plus haut depuis la mi-octobre, est aussi un des bénéficiaires du dollar faible. Le métal jaune s'apprête à clôturer l'année sur sa plus forte progression depuis 2010 (+13%).
L'envolée la plus spectaculaire en 2017 reste pour le bitcoin, dont le cours est passé de 1.000 dollars jusqu'à près de 20.000 dollars sur la plateforme Bitstamp.
"2018 sera là aussi l'année de tous les dangers pour cette nouvelle monnaie et la spéculation qui l'entoure", note Franklin Pichard.
(Avec Jean-Michel Bélot, édité par Marc Joanny)