par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont fini en ordre dispersé mardi au terme d'une séance volatile tandis que Wall Street évoluait dans le rouge à la mi-journée, les investisseurs semblant partagés au sujet de la crise ukrainienne et de la portée des sanctions occidentales à l'encontre de Moscou.
À Paris, le CAC 40 a fini en repli de 0,01% à 6.787,6 points. Le Footsie britannique a pris en revanche 0,13%. Le Dax allemand a perdu 0,26%.
L'indice EuroStoxx 50 a reflué de 0,01%. Le FTSEurofirst 300 a avancé de 0,07% et le Stoxx 600 de 0,07%.
L'Allemagne et la Grande-Bretagne ont annoncé mardi une première salve de sanctions contre la Russie après la reconnaissance la veille par le président russe Vladimir Poutine de l'indépendance de deux régions séparatistes de l'est de l'Ukraine.
Alors que les marchés ont fortement tremblé dans un premier temps face à la crise ukrainienne, certains analystes notent que les investisseurs s'accrochent désormais au moindre signe qui pourrait éviter une véritable guerre.
"La récente décision de la Russie est désormais intégrée dans les cours sur les marchés. Mais si les troupes (russes) traversent la frontière et qu'un conflit se met en place, alors je pense que les marchés réagiront beaucoup plus négativement", commente Craig Erlam, analyste chez Oanda.
L'agence de presse Interfax a en outre rapporté que la Russie avait reconnu l'indépendance de Donetsk seulement dans "ses limites administratives", Moscou ne souhaitant pas rompre ses relations avec l'Ukraine.
"Ce n'est pas clair, mais cela ouvre la voie à la désescalade", a déclaré Peter Kisler, gestionnaire du fonds Trium Capital, faisant référence aux informations sur la reconnaissance de la frontière ukrainienne.
Vladimir Poutine a par ailleurs déclaré que les actions éventuelles de l'armée russe dans le Donbass ukrainien dépendront de la situation sur le terrain, tandis que le président américain Joe Biden doit s'exprimer à 18h00 GMT sur l'Ukraine.
VALEURS EN EUROPE
Alors que la quasi-totalité des grands secteurs du Stoxx 600 étaient dans le rouge en début de séance, seuls quatre ont terminé en baisse. Le repli le plus marqué étant celui de la consommation non-cyclique (-0,4%), tandis que de l'autre côté du spectre les nouvelles technologies ont enregistré un rebond après quatre séances de repli (+0,7%).
Dans le compartiment de l'automobile, en hausse de 1%, Porsche SE et Volkswagen (DE:VOWG_p) ont gagné respectivement 11,3% et 7,8% après l'annonce de discussions sur une possible introduction en Bourse de la marque Porsche.
Renault (PA:RENA) a cédé en revanche 3,7%, pénalisé par son exposition à la Russie, où il contrôle la marque locale Avtovaz, qui a dit mardi chercher des alternatives pour sécuriser ses approvisionnements en puces en cas de sanctions américaines.
Dans les publications de comptes financiers, Worldline a pris 10,5% après un chiffre d'affaires trimestriel supérieur aux attentes, tandis qu' Edenred (PA:EDEN) a avancé de 4,6% à la faveur de résultats "historiques" en 2021.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones recule de 0,95%, le Standard & Poor's 500 de 0,75% et le Nasdaq de 1,23%.
Sept des onze principaux secteurs du S&P-500 évoluent dans le rouge, le compartiment de la consommation de biens non essentiels (-3%) accusant la plus forte baisse.
Le secteur du tourisme, du transport et des voyages souffre également, tandis que la menace de sanctions américaines contre Moscou affecte les fabricants de semi-conducteurs Nvidia (NASDAQ:NVDA) (-2%), Intel (NASDAQ:INTC) (-1%) ou Qualcomm (NASDAQ:QCOM) (-1%) car leurs exportations vers la Russie pourraient être bloquées.
Dans les publications trimestrielles, Home Depot (-8%) et la chaîne de grands magasins Macy's (0,6%) reculent après leurs résultats.
LES INDICATEURS DU JOUR
L'enquête mensuelle de l'institut d'études économiques Ifo a montré que le climat des affaires en Allemagne s'était encore amélioré en février, l'indice progressant à 98,9 après 96,0 en janvier, en dépit des tensions liées à l'Ukraine, les entreprises tablant sur la fin de la crise du coronavirus.
CHANGES
Aux changes, le dollar recule de 0,15% face à un panier de devises de référence, le contexte géopolitique profitant avant tout au yen et au franc suisse.
L'euro remonte de 0,3% face au billet vert à 1,1345 dollar après avoir touché en séance un creux depuis le 14 février.
TAUX
Les rendements des bons du Trésor américain, qui reculaient en début de journée avec le mouvement de repli général sur les valeurs refuges, sont orientés à la hausse, à 1,9477% pour les titres à dix ans et 1,5387% pour ceux à deux ans, à la clôture des Bourses en Europe.
Le taux du Bund allemand à dix ans a fini pour sa part en hausse de quatre points de base à 0,2410%, tandis que son équivalent français de même échéance a pris deux points à 0,7340%, l'anticipation d'une hausse des taux de la Banque centrale européenne (BCE) d'ici juillet prenant le pas sur les tensions géopolitiques.
PÉTROLE
Le prix du pétrole a atteint son plus haut niveau depuis 2014, l'escalade des tensions autour de l'Ukraine amplifiant les risques de resserrement de l'offre.
Bank of America (NYSE:BAC) (BofA) a estimé mardi que le prix du pétrole pourrait augmenter de 5 à 20 dollars si la crise ukrainienne s'aggravait.
Le Brent gagne 1,36% à 96,68 dollars le baril après un pic à 99,50, tout près de la barre symbolique des 100 dollars, sous laquelle il évolue depuis septembre 2014. Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) prend 1,84% à 92,75 dollars.
A SUIVRE MERCREDI:
Les chiffres définitifs de l'inflation en zone euro pour le mois de janvier
(Certaines données peuvent accuser un léger décalage)
(Reportage Claude Chendjou, édité par Jean Michel Bélot)