PARIS (Reuters) - Les syndicats de fonctionnaires ont réclamé mardi la suspension du projet de loi sur la Fonction publique prévoyant notamment un recours accru aux contractuels, que le gouvernement compte leur présenter mercredi dans un contexte social déjà éruptif.
Dans une lettre adressée au Premier ministre, huit des neuf organisations représentatives de la Fonction publique appellent à suspendre ce texte en attendant la fin du "grand débat national", lancé pour tenter de sortir de la crise des "Gilets jaunes", où la réorganisation de l'Etat est abordée.
Plutôt que d'élargir le recours aux contractuels, comme le prévoit le projet de loi, elles réclament la création d'emplois statutaires, ainsi qu'une revalorisation salariale, et disent engager "d’ores et déjà diverses initiatives".
Le texte a aussi pour but de simplifier les instances de représentation du personnel, de mieux accompagner les mobilités des agents dans la fonction publique et le privé, et de rendre la rémunération plus individiduelle.
Les syndicats, qui seront reçus mercredi par le secrétaire d'Etat Olivier Dussopt, prévoient de se réunir le 19 février pour réfléchir à la suite des événements.
"Tout se discute, y compris la question de la grève", a déclaré mardi Bernadette Groison, qui s'est exprimée au nom de la FSU lors d'une conférence de presse conjointe des huit syndicats pour l'instant unis dans un front commun.
Parmi les organisations représentatives, seule Force ouvrière fait bande à part.
"Est-ce qu'on veut partir dans une action ? Je n'en sais rien car nous avons beaucoup de difficultés à être suivis", a déclaré à Reuters Luc Farré, secrétaire général de l'Unsa Fonction publique. "Si c'est pour appeler à faire grève, mais que personne n'est derrière, c'est compliqué".
CERTAINS MINISTRES DUBITATIFS
La réforme en gestation s'inscrit dans le cadre de la grande transformation de l'action publique, qui doit permettre de diminuer le niveau de dépenses de trois points de PIB à l'horizon 2022.
Emmanuel Macron s'est notamment fixé pour objectif de supprimer 50.000 postes dans la fonction publique d'Etat et 70.000 postes dans la fonction publique territoriale d'ici 2022, par non-renouvellement des départs.
Si le chef de l'Etat a affiché en début d'année sa détermination à poursuivre son train de réformes, certains ministres se montrent dubitatifs quant à l'urgence de mener à bien ce projet dans le climat actuel.
Le gouvernement souhaite présenter le texte devant le conseil des ministres à la fin mars pour une adoption au Parlement avant l'été. Olivier Dussopt a assuré que le "grand débat", qui se terminera à la mi-mars, pourrait "nourrir" le projet de loi.
(Caroline Pailliez avec Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)