PARIS (Reuters) - Les syndicats de fonctionnaires, unis pour la première fois depuis près d'un an, ont lancé jeudi une journée de grève et de manifestations pour dénoncer la réforme gouvernementale qui prévoit, entre autres, un recours élargi aux contractuels.
La mobilisation était toutefois en baisse par rapport au 22 mai 2018 - dernière journée d'action unitaire portée par la CGT, CFDT, CFTC, FO, CFE-CGC, FAFP, FSU, Solidaires, et UNSA - mais en hausse chez les enseignants en colère contre les réformes de l'Education nationale.
Le taux de participation à la grève était de 5,6% dans la fonction publique territoriale, contre 6,57% le 22 mai en fin de journée, et de 6% dans la fonction publique hospitalière contre 7,5%, un an plus tôt, selon le ministère de l'Action et des Comptes publics.
Ce taux était en revanche légèrement en hausse dans la fonction publique d'Etat, à 10,87% contre 10,29%, portée par la mobilisation des professeurs d'écoles. Près de 17,59% des enseignants du primaire étaient en grève, tout comme 11,68% des enseignants du secondaire.
Plusieurs dispositions du projet de loi "pour une école de la confiance", en examen au Sénat à partir de mardi, suscitent leur inquiétude, notamment la possibilité de rassembler en une seule entité un collège et une ou plusieurs écoles du même secteur, faisant redouter la disparition des directeurs d'école.
Le ministère de l'Intérieur a dénombré 108.900 participants sur le territoire dont 18.000 à Paris. Un an plus tôt, la mobilisation avait rassemblé 139.000 personnes sur le territoire.
"La Confédération FO se félicite de l’importante mobilisation des fonctionnaires et agents de la Fonction publique", écrit le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier par communiqué.
"Celle-ci exprime le rejet de l’ensemble des syndicats de la Fonction publique et doit alerter d’urgence le gouvernement sur la nécessité d’entendre l’expression syndicale et d’ouvrir, (...) une véritable négociation."
INITIATIVES À VENIR
Le projet de loi qui permet un recours accru aux contractuels, revoit le rôle des instances de représentation du personnel et prépare la mobilité des agents dont les postes sont voués à disparaître d'ici la fin du quinquennat, doit être débattu à l'Assemblée nationale en séance publique à partir de lundi prochain.
"Depuis des années maintenant, ces agents publics sont considérés comme des coûts, ils sont méprisés avec un dialogue social extrêmement faible, pour ne pas dire inexistant. Ce qui m'intéresse aujourd'hui, c'est de dire que ces agents publics, ce sont une richesse", a déclaré le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.
Le projet de loi "qui voudrait généraliser le contrat, qui voudrait amoindrir le peu de représentation du personnel et de dialogue social (...), ce n'est pas acceptable", a-t-il ajouté.
Les quelques amendements soumis par son syndicat et retenus par l'exécutif ne l'ont pas réconcilié avec le projet de loi.
"Le statut, on va le changer de fait en intégrant de plus en plus des contractuels sous statut privé (...) qui vont petit à petit remplacer des fonctionnaires", a déploré pour sa part le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, sur BFM TV.
La mobilisation pourrait se poursuivre au-delà de jeudi. "Le bilan va être fait de cette journée et je pense, en tout cas j'en suis convaincu, qu'il y aura de nouveau des initiatives de prises", a-t-il déclaré.
Emmanuel Macron a lâché un peu de lest lors de sa conférence de presse post-"grand débat national", le 25 avril, en infléchissant pour la première fois sa position quant à la suppression de 120.000 postes de fonctionnaires d'ici à 2022 - un objectif fixé durant la campagne présidentielle.
Cette annonce n'a que partiellement rassuré les syndicats, qui demandent plus de précisions à ce sujet.
Globalement, le gouvernement n'a aucune intention d'enterrer son projet de loi de "transformation de la fonction publique", selon la terminologie officielle.
"Cette réforme est attendue par les agents, elle est attendue par les agents qui veulent de la mobilité, qui veulent accéder à la formation, qui veulent maîtriser leur carrière", a jugé sur CNEWS le secrétaire d'Etat chargé du dossier, Olivier Dussopt.
(Simon Carraud, avec Caroline Pailliez et Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)