LONDRES (Reuters) - Evguéni Prigojine a dit jeudi avoir obtenu gain de cause auprès du Kremlin après avoir protesté avec véhémence contre la décision de l'armée russe de réduire l'allocation d'obus d'artillerie à sa société de sécurité privée Wagner dans le cadre de la guerre en Ukraine.
Prigojine avait diffusé mercredi une photo de dizaines de corps de mercenaires de Wagner tués au combat en raison, selon lui, du manque de munitions fournies par l'armée, et accusé le ministre de la Défense Sergueï Choïgou et le chef d'état-major de l'armée russe Valeri Guerassimov de "trahison".
Dans un message vidéo diffusé jeudi, le fondateur de Wagner dit que le ministère de la Défense a plié face aux pressions et lui a promis que davantage d'obus seraient bientôt livrés à ses combattants.
"On nous a dit que les documents ont été signés", déclare Prigojine, qui dit remercier "tous ceux qui nous ont aidés" dans cette affaire. "Vous avez sauvé des centaines, peut-être des milliers de vie de gars qui défendent leur patrie."
Le ministère de la Défense a nié que les troupes combattant en Ukraine manquent de munitions ou que Wagner soit moins bien servie que les autres unités, et déploré sans citer le nom de Prigojine que certains cherchent à provoquer des divisions qui "ne profitent qu'à l'ennemi".
La milice Wagner est en pointe des combats autour de la ville de Bakhmout, une cible prioritaire des forces russes depuis l'été dernier, qu'elles ne sont toujours pas parvenu à conquérir.
Les mercenaires de Wagner, recrutés notamment en prison, y ont obtenu un peu plus de résultats que l'armée conventionnelle au prix de lourdes pertes, mais face à l'auto-promotion bruyante et provocatrice de Prigojine, le ministère de la Défense et le Kremlin ont semblé vouloir limiter son influence ces dernières semaines.
Selon Sergueï Markov, un ancien conseiller de la présidence russe, le Conseil de sécurité placé sous les ordres de Vladimir Poutine est vraisemblablement intervenu pour mettre fin à la polémique sur les munitions, afin d'éviter une aggravation des dissensions internes aux forces russes.
(Rédigé par Andrew Osborn, version française Tangi Salaün, édité par Kate Entringer)