par Gwénaëlle Barzic
PARIS (Reuters) - Altice (AS:ATCA), maison mère de l'opérateur télécoms SFR (PA:SFRGR), a annoncé jeudi soir la démission de son directeur général Michel Combes, dans le cadre d'une vaste réorganisation de sa direction marquée par le retour au premier plan de Patrick Drahi, après les inquiétudes manifestées par les investisseurs.
Le fondateur et actionnaire de contrôle d'Altice, qui n'occupait plus de rôle de premier plan dans l'organigramme de sa holding, va prendre la présidence du conseil avec l'objectif de superviser la stratégie du groupe et son exécution, en particulier en France où se concentrent les difficultés.
Michel Combes, en poste chez Altice depuis 2015, est remplacé par le bras droit de Patrick Drahi Dexter Goei qui dirigeait jusque-là les activités d'Altice aux Etats-Unis.
Alain Weill monte en grade en prenant la fonction de PDG de SFR et de directeur des activités médias d'Altice, précise Altice dans un communiqué, tandis que le directeur financier Dennis Okhuijsen assume la direction générale d'Altice en Europe.
Armando Pereira, le tailleur de coûts de Patrick Drahi, est quant à lui désigné directeur des opérations d'Altice.
"Les nouvelles direction et structure de gouvernance sont conçues pour mieux mettre en place la stratégie d'Altice, faire en sorte que le management réponde plus clairement de ses actes et améliorer les performances opérationnelles et financières du groupe", déclare Altice dans son communiqué.
Ces annonces interviennent alors que le titre Altice est tombé jeudi à son plus bas niveau depuis près de deux ans, signe de l'inquiétude persistante des investisseurs depuis la publication, vendredi, de résultats trimestriels jugés décevants.
Le titre a perdu 34% depuis vendredi et plus de 54% depuis le 9 juin.
Michel Combes qui assumait la direction générale d'Altice et de SFR paye les difficultés du groupe à stopper la fuite de ses abonnés en France en dépit de lourds investissements dans le déploiement du très haut débit et les contenus.
Depuis sa prise de contrôle par Altice, le numéro deux du mobile en France, relégué à la troisième place dans le fixe derrière Free ( Iliad (PA:ILD)), a perdu plus de 1,6 million de clients mobile et plus d'un demi-million d'abonnés fixes.
INIMITIÉS
Selon plusieurs sources, il a également pâti de sa difficulté à trouver sa place dans l'organisation d'Altice et de ses difficultés à s'entendre avec plusieurs hauts gradés du groupe, pour certains compagnons d'aventure de longue date de Patrick Drahi.
"Michel Combes ne fait pas partie du petit cercle, ce qui est un problème sachant que c’est un groupe qui fonctionne dans une logique de clan, de famille", a expliqué l'une de ces sources.
La démission du dirigeant, passé précédemment par Alcatel, Vodafone (LON:VOD) et France Télécom, a été officialisée jeudi, précise Altice dans un communiqué.
Avec son départ, l'entrepreneur milliardaire Patrick Drahi envoie un signal fort, notamment en direction des marchés, de sa prise de conscience de la nécessité de résoudre le problème français.
A la présidence du conseil, il aura pour mission de "déterminer la direction stratégique, opérationnelle, commerciale et technologique du groupe, et son exécution, notamment en particulier SFR", précise ainsi le communiqué.
Il aura pour bras droit Dexter Goei, nouvel homme fort d'Altice, qu'il connaît de longue date et avec lequel il a remporté la bataille pour le rachat de SFR face à l'industriel français Martin Bouygues (PA:BOUY).
Ancien banquier d'investissement à JP Morgan puis Morgan Stanley (NYSE:MS), le dirigeant américain, entré en 2009 chez Altice, a supervisé avec succès la mise en Bourse des cablô-opérateurs Suddenlink et Cablevision rachetés par Altice aux Etats-Unis.
Il conservera ses fonctions aux Etats-Unis et assumera par ailleurs des fonctions centrales au sein du groupe.
Le tandem devra relever le défi de ramener la stabilité chez SFR, confronté à une valse de ses dirigeants depuis plusieurs années, tout en réussissant son pari de faire revenir ses abonnés grâce à une qualité de réseau restaurée et une offre de contenus enrichie.
(Edité par Dominique Rodriguez)