BERLIN (Reuters) - Le parquet fédéral allemand a procédé à la fouille d'un navire les 18 et 20 janvier dans le cadre de la location jugée suspecte d'un navire qui pourrait être lié aux explosions des gazoducs Nord Stream l'an dernier, a-t-il fait savoir mercredi.
Le parquet a ajouté qu'il continuait à enquêter sur l'identité des auteurs de l'attaque sur les gazoducs et sur leurs motivations, précisant qu'aucun soupçon ne pesait sur les employés de la société allemande de location de navires.
Ces déclarations interviennent après plusieurs informations de presse parues dans des médias occidentaux concernant les auteurs présumés de l'attaque.
Le New York Times, qui cite des informations examinées par les renseignements américains, a rapporté mardi qu'un groupe pro-Ukrainien, vraisemblablement composé d'Ukrainiens ou de Russes, était responsable des explosions de septembre dernier des gazoducs Nord Stream, qui passent sous la mer Baltique entre la Russie et l'Allemagne.
La chaîne de télévision allemande ARD et le journal Die Zeit ont déclaré que l'attentat avait été perpétré par cinq hommes et une femme à l'aide de faux passeports.
Selon le New York Times, aucun élément ne permet d'affirmer que le président ukrainien Volodimir Zelensky ou d'autres représentants du gouvernement ukrainien soient à l'origine des attaques.
Un conseiller du président Zelensky, Mykhailo Podoliak, a déclaré que Kyiv n'était "absolument pas impliqué" dans les explosions et ne disposait d'aucune information sur ce qui s'était passé.
Les explosions se sont produites dans les zones économiques exclusives de la Suède et du Danemark. Les deux pays ont conclu qu'elles étaient délibérées, sans préciser qui pouvait en être responsable.
Les Etats-Unis et l'Otan ont dénoncé un "acte de sabotage" tandis que la Russie a mis en cause l'Occident, aucun d'entre eux n'ayant apporté des éléments de preuve.
PAS DE "CONCLUSIONS HÂTIVES"
Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a affirmé mercredi que l'identité des auteurs des explosions sur les gazoducs Nord Stream était toujours inconnue.
"Ce que nous savons, c'est qu'il y a eu une attaque contre les gazoducs Nord Stream, mais nous n'avons pas été en mesure de déterminer qui en était l'auteur", a-t-il déclaré avant une réunion avec les ministres de la Défense de l'Union européenne à Stockholm.
"Des enquêtes nationales sont en cours et je pense qu'il convient d'attendre qu'elles soient finalisées avant d'en dire plus sur les auteurs de l'attaque".
Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a pour sa part appelé mercredi à ne pas tirer de "conclusions hâtives", estimant qu'il était probable qu'il s'agisse d'une "opération sous un faux drapeau mise en scène pour accuser l'Ukraine".
De son côté, le Kremlin a dénoncé mercredi une tentative "coordonnée" pour détourner l'attention après la publication des informations de presse sur les explosions des gazoducs.
"Il est évident que les auteurs de l'attaque veulent détourner l'attention", a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov à l'agence de presse nationale RIA, ajoutant que l'information avait été fabriquée.
"La moindre des choses que les pays actionnaires de Nord Stream et les Nations unies doivent exiger est une enquête urgente et transparente avec la participation de tous ceux qui peuvent faire la lumière", a-t-il ajouté.
Les actionnaires de Nord Stream 1 sont l'entreprise publique russe Gazprom, les entreprises allemandes Wintershall DEA AG et E.ON (ETR:EONGn), l'entreprise néerlandaise NV Nederlandse Gasunie et l'entreprise française Engie (EPA:ENGIE).
Gazprom est l'unique actionnaire du gazoduc parallèle Nord Stream 2, dont la construction a été financée par Wintershall DEA, Engie, l'autrichien OMV, Shell (AS:SHEL) et l'allemand Uniper.
(Reportage Riham Alkousaa, avec Sabine Siebold et Andrew Gray à Stockholm, Lidia Kelly et Mark Trevelyan, version française Victor Goury-Laffont et Blandine Hénault, édité par Matthieu Protard)