PARIS (Reuters) - L'exploitation de six nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR2 en France se traduirait par une augmentation modérée des déchets radioactifs que le pays serait capable de prendre en charge en adaptant son projet de stockage, selon des perspectives présentées mardi par l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs).
La stratégie énergétique de la France, qui doit faire l'objet d'une loi prévue début 2024, passe par la poursuite de l'exploitation de ses réacteurs nucléaires existants et un soutien au projet de construction de six EPR2 porté par EDF (EPA:EDF), dans la perspective d'une décision finale d'investissement en vue de son lancement d'ici à la fin de l'année prochaine.
Selon les projections de l'Andra, en fonction des stratégies de recyclage mises en oeuvre, l'augmentation des déchets dits de "haute activité" (HA) produits par six EPR2 serait comprise entre 11% et 16% par rapport à un scénario n'incluant pas de nouveaux réacteurs.
Ces déchets hautement radioactifs provenant de la dissolution chimique des combustibles usés, incorporés dans du verre puis conditionnés dans des conteneurs en acier inoxydable, sont appelés à être stockés à partir des années 2080 dans Cigéo, le projet de stockage en couche géologique profonde situé à la limite de la Meuse et de la Haute-Marne.
Concernant les déchets de moyenne activité à vie longue (MA-VL), qui devront être eux aussi stockés dans Cigéo, l'Andra estime que l'augmentation de leurs volumes liée à six EPR2 serait comprise entre 4% et 6% par rapport à des scénarios sans nouveaux réacteurs.
Alors que Cigéo doit faire l'objet d'une consultation publique envisagée fin 2026, le directeur de la sûreté de l'Andra, Sébastien Crombez, a indiqué lors d'une conférence de presse que les études d'adaptabilité du projet seraient mises à jour avant cette étape afin de tenir compte de la construction envisagée de six EPR2.
"Il est important, sur cette logique d'adaptabilité, de montrer que l'Andra, en tant que concepteur technique de l'installation, est capable de justifier qu'on saurait gérer les déchets de ces 6 EPR au moment où on décide de la construction de Cigéo", a-t-il dit.
"On n'a pas identifié de problème majeur", a également déclaré Sébastien Crombez, ajoutant que si l'emprise de Cigéo devrait être revue à la hausse, les propriétés géologiques favorables de sa zone d'implantation s'étendaient sur une zone suffisamment importante pour pouvoir l'envisager.
Selon l'inventaire publié par l'Andra, environ 1,76 million de m3 de déchets radioactifs pris en charge par l'établissement public ou destinés à l'être étaient présents sur le territoire français au 31 décembre 2021. Ce volume est en augmentation d'environ 220.000 m3 depuis l'édition 2018, ce qui correspond à la production courante de déchets pendant cinq ans.
Sur le total à fin 2021, les déchets HA et MA-VL représentaient des volumes limités à 4.320 m3 et 39.500 m3 respectivement.
(Reportage Benjamin Mallet ; édité par Kate Entringer)