LEVALLOIS-PERRET (Hauts-de-Seine) (Reuters) - Plastic Omnium (EPA:PLOF) pense pouvoir doubler d'ici un an son carnet de commandes dans l'hydrogène, actuellement d'environ quatre milliards d'euros, grâce notamment au renfort inattendu du marché américain, a dit mardi le directeur général de la division New Energies de l'équipementier automobile.
Plastic Omnium a également revu en forte hausse sa prévision de marché pour cette technologie électrique en Amérique du Nord. A l'horizon 2030, la région devrait peser un tiers du marché mondial, à parité avec l'Europe et l'Asie, alors que jusqu'ici les Etats-Unis comptaient pour quantité négligeable dans les projections.
"Depuis 18 mois, les choses se sont largement retournées avec le fameux IRA (Inflation reduction act) qui subventionne, de façon assez lourde, un certain nombre de secteurs économiques, dont la mise en place de productions d'énergie verte, et l'hydrogène tombe en plein là dedans", a déclaré Marc Perraudin au cours d'un point presse sur la stratégie du groupe.
Spécialiste historique du réservoir d'essence, Plastic Omnium a engagé une diversification de ses activités pour ne plus dépendre des seuls véhicules thermiques, en se développant par exemple dans le stockage sous pression d'hydrogène et les piles à combustible.
Cette technologie est appelée, selon le groupe, à cohabiter avec celle des véhicules à batterie. L'hydrogène, qui permet de produire son électricité à bord en ne rejetant que de l'eau, convient mieux aux engins lourds - gros pick-ups, bus, camions et trains régionaux - tandis que l'électrique à batterie restera ultramajoritaire pour les voitures.
Plastic Omnium a annoncé en avril avoir décroché une méga-commande de 2,4 milliards d'euros aux Etats-Unis pour des systèmes d'hydrogène destinés à des véhicules utilitaires.
Ce contrat, passé auprès d'un constructeur dont l'équipementier n'a pas précisé l'identité, nécessitera la construction d'ici 2026 d'une nouvelle usine - la dixième du groupe dans l'hydrogène - probablement dans le Midwest, a poursuivi Marc Perraudin.
"Ce n'est pas l'IRA qui nous incite, l'IRA provoque un engouement pour l'hydrogène qui nous sert", a précisé de son côté Laurent Favre, directeur général de Plastic Omnium, au sujet des arbitrages entre les Etats-Unis, l'Asie et l'Europe pour les investissements futurs.
"C'est un choix stratégique qui n'est pas basé sur les subventions, mais sur une analyse du marché. Vu qu'on veut continuer à croître, il y a probablement beaucoup plus de sources de croissance en Amérique, en Asie, en Afrique du Nord et dans toute la ceinture méditerranéenne, qu'en Europe."
(Reportage Gilles Guillaume, édité par Kate Entringer)