PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron a donné jeudi le coup d'envoi symbolique du "loto du patrimoine" qui doit permettre de financer quelque 270 sites français en péril, dont 18 emblématiques, en rapportant entre 15 et 20 millions d'euros à l'Etat dans un contexte de forte contrainte budgétaire.
Après s'être rendu dans la matinée au château de Voltaire à Ferney (Ain), le chef de l'Etat a reçu en fin d'après-midi les porteurs des projets qui ont été sélectionnés ces derniers mois par la mission qu'il a confiée à l'animateur Stéphane Bern.
"Ce loto est une première, mais pas une dernière, nous allons le répéter chaque année", a dit Emmanuel Macron lors de cette réception à laquelle les personnalités engagées dans la défense du patrimoine avaient également été conviées.
"Nous allons mener ce travail pour que d'ici la fin du quinquennat il y ait un maximum de projets qui aient changé un peu du visage de notre pays et de nos régions", a-t-il ajouté, soulignant que le patrimoine était une "cause nationale".
Le tirage spécial du loto avec un jackpot de 13 millions d'euros sera organisé le 14 septembre à la veille des Journées européennes du Patrimoine et sera complété par un jeu de grattage, dont les tickets seront mis en vente par la Française des Jeux à 15 euros dès le 3 septembre.
"Un vieux rêve se réalise aujourd'hui, faire naître ce loto patrimoine pas seulement pour financer les restaurations de notre patrimoine - parce que cab ne suffirait pas - mais pour que tous les Français se saisissent de cette belle cause nationale à travers un jeu populaire", a dit Stéphane Bern.
"Si j'osais, je dirais que François I en a rêvé, que Louis XV l'a imaginé pour construire un certain nombre de monuments et grâce à vous, M. le Président, nous l'avons fait", a-t-il ajouté.
La Maison de Pierre Loti (Charente-Maritime), Fort-Cigogne (Finistère) et la Villa Viardot (Yvelines) figurent dans la liste des 18 sites prioritaires.
En novembre, la ministre de la Culture Françoise Nyssen avait fait état de "2.000 monuments considérés en état de péril" en France. Elle avait également annoncé que 362 millions d'euros seraient attribués chaque année au patrimoine bâti.
Le "loto du patrimoine, c'est formidable, c'est inédit mais c'est évidemment très insuffisant : si on avait voulu sauver les 2.000 dossiers qui nous sont arrivés, il faudrait deux milliards d'euros", a déclaré Guillaume Poitrinal, président de la Fondation du patrimoine, appelant à la mobilisation générale des entreprises et des citoyens.
Evoqué de longue date en France sans jamais jusqu'à présent parvenir à se concrétiser, ce mode de financement du patrimoine est loin d'être inédit en Europe, où depuis plusieurs années les recettes du loto abondent des fonds pour l'entretien des monuments en Grande-Bretagne, en Italie ou encore aux Pays-Bas.
(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)