PARIS (Reuters) - Hamou Benlatrèche, accusé d'avoir délibérément foncé au volant d'une voiture sur des militaires de l'opération "Sentinelle" à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) début août, avait un "intérêt récent mais certain" pour l'organisation de l'Etat islamique, a déclaré mercredi le procureur de la République François Molins.
Il a annoncé à la presse que le parquet de Paris avait ouvert une information judiciaire pour "tentative d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle".
Hamou Benlatrèche, ressortissant algérien en situation régulière jusqu'ici inconnu de la justice et sans "fiche S", a blessé six militaires, dont trois grièvement, le 9 août, en les percutant avec la voiture.
Les investigations "viennent non seulement étayer le caractère prémédité de cette attaque mais également son caractère terroriste", a déclaré François Molins lors d'une conférence de presse.
L'enquête a aussi montré que le suspect avait "un intérêt récent mais certain pour les organisations djihadistes et pour l'Etat islamique", a-t-il précisé.
Hamou Benlatrèche, apparemment proche du mouvement fondamentaliste radical tabligh, aurait eu le projet "au moins intellectuel" de partir en Syrie, a-t-il ajouté.
PAS DE CONNEXIONS AVÉRÉE AVEC L'ETAT ISLAMIQUE
Sur son téléphone portable, les enquêteurs ont retrouvé des photos de drapeaux de l'EI et de dirigeants du groupe, ainsi que des historiques de recherches pour des billets d'avion vers Istanbul pour le mois de septembre 2017.
Pour autant, les autorités n'ont aujourd'hui pas d'éléments "qui permettent d'affirmer qu'il y aurait eu des connexions" avec le groupe Etat islamique, a dit François Molins.
Le véhicule avait été localisé trois jours avant les faits place de Verdun, où l'attaque a eu lieu. "Des repérages préalables", selon François Molins, pour qui cela prouve la préméditation.
Le procureur a précisé que compte tenu de son état de santé, Hamou Benlatrèche, blessé par balles lors de son arrestation dans le nord de la France, ne pouvait être placé en garde à vue "avant plusieurs jours, voire plusieurs semaines".
Un autre homme a été placé en garde à vue la semaine dernière à Marseille mais a été relâché vendredi dernier.
(Cyril Camu, édité par Emmanuel Jarry)