par Gilles Guillaume
PARIS (Reuters) - L'alliance formée par les constructeurs automobiles Renault (EPA:RENA), Nissan (TYO:7201) et Mitsubishi va mettre fin à son organisation d'achats communs, pierre fondatrice du partenariat fondé plus de vingt ans plus tôt, poursuivant sa transformation en une structure plus souple et autonome.
"L'organisation des achats de l'Alliance évoluera vers des organisations distinctes axées sur une approche projet par projet", a annoncé le groupe au losange dans un communiqué. "Cette nouvelle organisation permettra de prendre des décisions plus rapidement et d'améliorer l'efficacité opérationnelle."
L'évolution de la structure commune d'achats de pièces et de composants, créée en 2001 et qui n'a cessé de prendre de l'ampleur au fil des ans pour atteindre pas moins de 85 milliards d'euros en 2022, illustre la profonde mutation de l'alliance érigée par l'ancien PDG Carlos Ghosn.
Le point d'orgue en sera le rééquilibrage des participations entre les deux membres fondateurs, un voeu longtemps caressé au Japon, une fois créée la fiducie où Renault placera une partie de ses actions Nissan. Celle-ci devrait suivre la réalisation de l'accord de la nouvelle alliance, attendue au quatrième trimestre.
"D'ici à la fin de l'année 2023, l'organisation de l'Alliance passera d'un modèle standardisé à l'échelle mondiale à une coopération axée sur les projets afin de permettre des décisions plus rapides et agiles, adaptée aux exigences de chaque région", a ajouté Renault dans son communiqué.
PROJETS COMMUNS EN EUROPE, AMÉRIQUE LATINE ET INDE
Renault, Nissan et Mitsubishi ont finalisé fin juillet la restructuration de leur partenariat après plusieurs mois de discussions tendues. Celles-ci ont duré plus longtemps que prévu en raison notamment des inquiétudes de Nissan sur la protection future de ses brevets alors que Renault multiplie aujourd'hui les partenariats extérieurs à son alliance historique.
Les nouveaux accords offrent aux sociétés membres la liberté de se focaliser sur leurs propres problèmes les plus pressants alors que le secteur automobile, en termes géographique, technologique et réglementaire, est devenu un terrain mouvant.
Nissan doit avant tout faire face à la dégradation des perspectives pour les constructeurs automobiles étrangers en Chine, premier marché mondial, tandis que pour Renault, la priorité est la création de son entité "Ampère" pour rester dans la course de l'électrique face aux ambitions européennes de Tesla (NASDAQ:TSLA) et des marques chinoises.
Malgré des chemins divergents, les partenaires ont toutefois encore plusieurs projets communs en Europe, en Amérique latine et en Inde.
Il en sera question lors du prochain conseil opérationnel (Alliance Operating Board) qui doit avoir lieu en France à la fin de la semaine, a dit à Reuters une source proche du dossier. Le directeur général de Nissan devrait être présent à ce rendez-vous de travail qui se tient en alternance dans l'Hexagone et au Japon.
Selon une autre source, Makodo Uchida était mardi au siège de Nissan Europe, à l'ouest de Paris, pour parler aux équipes régionales du constructeur.
La veille, il était à Londres pour le 20e anniversaire du studio de design londonien de Nissan, où il a dévoilé "20-23", un concept de voiture électrique urbaine et sportive. Il a également annoncé à cette occasion que tous les nouveaux modèles que le groupe nippon lancera en Europe seront désormais entièrement électriques.
(Reportage Gilles Guillaume, avec Daniel Leussink à Tokyo et Nick Carey à Londres, édité par Jean-Stéphane Brosse et Jean Terzian)