La banque centrale de Russie a annoncé mercredi une série de mesures destinées à "soutenir la stabilité du système financier", mis à l'épreuve par un effondrement historique du rouble en début de semaine.
Cette liste de sept mesures techniques présentées dans un communiqué vise en particulier à faciliter l'accès aux devises étrangères et à protéger les banques des pertes comptables qui pourraient les fragiliser.
Comme l'avait indiqué la veille le ministre de l'Economie, la banque centrale indique également travailler avec le gouvernement à la recapitalisation de certains établissements en 2015.
Le rouble, déjà en rebond avant ces annonces, a accéléré sa progression. Le dollar valait vers 15H05 GMT 61,14 roubles contre 67,88 roubles la veille et l'euro 76,56 roubles contre 85,15 roubles.
Des mesures destinées à assurer la stabilité financière avaient déjà été présentées mardi soir à l'issue d'une réunion de crise du gouvernement, de manière notamment à assurer l'accès aux liquidités du système.
Le choc monétaire que constitue la chute du rouble risque de dévaluer une partie des actifs présents dans les comptes des banques. La hausse spectaculaire du taux directeur annoncé mardi par la banque centrale (17% contre 10,5%) représente par ailleurs un durcissement des conditions des crédits qui pourraient avoir des conséquences lourdes pour le secteur.
La baisse du rouble renchérit en outre considérablement pour les entreprises russes le remboursement des crédits contractés en devises étrangères, une pratique courante pour les multinationales.
L'amélioration de l'accès aux devises étrangères répond "à la préoccupation des banques et des sociétés au sujet du remboursement des dettes extérieures", a expliqué la vice présidente de la banque centrale Ksénia Ioudaeva, citée par les agences russes.
Ainsi, le régulateur entend "équilibrer l'offre et la demande sur le marché des changes, ce qui va permettre de stabiliser plus rapidement le rouble", a-t-elle ajouté.
Le système bancaire russe est d'autant plus fragile qu'il est très éclaté, divisé entre quelques mastodontes contrôlés par les pouvoirs publics et plus de 800 petits établissements à la situation financière fragile et aux pratiques parfois douteuses.
Les autorités russes cherchent depuis des années à réduire ce nombre, hérité de la chute de l'URSS, quand il suffisait de quelques milliers de dollars pour créer une banque et que les entrepreneurs avaient besoin de ces établissements pour leurs sociétés.
Le nettoyage du secteur s'est accéléré depuis l'entrée en fonction début 2013 de la présidente de la banque centrale Elvira Nabioullina, en provenance du Kremlin. Plusieurs fois par semaine, le régulateur annonce avoir retiré la licence de petits établissements.
"Le secteur bancaire est particulièrement vulnérable à l'affaiblissement du rouble", ont relevé mercredi les experts du cabinet londonien Capital Economics. "Le problème, c'est que les signes de problèmes ne seront pas visibles dans les comptes des banques tant que des chiffres ne seront pas publiés et alors la crise aura peut être déjà eu lieu".
Pour l'instant, selon ces économistes, l'évolution du marché interbancaire semble "inquiétante car similaire aux crises précédentes", mais les taux restent proches du coût de l'argent auprès de la banque centrale, un point rassurant.