Les dirigeants de la zone euro se sont montrés optimistes sur les chances de sceller un accord avec la Grèce d'ici la fin de la semaine et éviter au pays un défaut de paiement, après un sommet qui a permis lundi soir de faire "un pas en avant" avec de nouvelles propositions d'Athènes.
Pour finaliser le travail qui reste à accomplir, une nouvelle réunion de l'Eurogroupe --les ministres des Finances des 19-- aura lieu mercredi soir, veille d'un sommet européen prévu de longue date, a annoncé le président du Conseil européen Donald Tusk.
"Les nouvelles propositions grecques sont un pas en avant positif", a-t-il estimé. "L'Eurogroupe peut parvenir à un résultat mercredi soir".
"Nous avançons vers un accord", s'est pour sa part réjoui le président français François Hollande à l'issue du sommet.
Les propositions grecques constituent "un certain progrès" et "un bon point de départ pour de prochaines discussions", a reconnu de son côté la chancelière allemande Angela Merkel. "Mais il est également clair qu'"un travail vraiment intensif est maintenant nécessaire", a-t-elle souligné.
"J'ai la sensation que (...) la balle se trouve dans le camp des autorités européennes", a dit le Premier ministre grec Alexis Tsipras devant la presse, à l'issue du sommet au cours duquel ont été débattues les nouvelles propositions soumises par Athènes à ses créanciers (Commission, BCE, FMI).
"Notre critère de base, c'est la justice sociale", a-t-il affirmé, comme s'il rodait ses arguments pour défendre devant le Parlement grec l'accord souhaité, dans un pays profondément éprouvé par la crise.
Dopée par l'optimisme sur le dossier grec, la bourse de Tokyo a atteint mardi à la mi-journée un nouveau sommet en 15 ans (+1,62% à 20.758,68 points).
Avant même l'issue du sommet, un vent d'optimisme avait fait bondir les Bourses: Paris et Francfort ont chacune gagné 3,81% lundi tandis que la Bourse d'Athènes s'est envolée de 9%. A New York, l'indice Dow Jones a avancé de 0,58% et le Nasdaq a fini sur un record historique.
"Je suis convaincu que nous allons parvenir à un accord final dans le courant de la semaine", a insisté le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui a filé la métaphore footballistique pour rappeler qu'"on ne peut pas jouer les prolongations".
"Il nous reste peu de temps, mais beaucoup de travail", a résumé la directrice générale du FMI, Christine Lagarde.
La Grèce doit en effet rembourser quelque 1,5 milliard d'euros au FMI dans huit jours, un paiement qu'elle ne peut honorer sans la reprise de l'aide financière de ses créanciers (7,2 milliards d'euros). Pour cela, un accord est nécessaire avec eux sur une série de réformes et de mesures budgétaires.
Le gouvernement grec a publié lundi soir la liste complète de ses propositions aux créanciers. Dans ce document en 21 points, Athènes souligne qu'il s'agit du "résultat de négociations difficiles afin d'arriver à un accord qui ne touche pas les droits du travail et ne dissout pas la cohésion sociale mais donne une perspective, (...) et constitue une solution viable pour l'économie grecque sans frapper les bas et moyens revenus".
La partie grecque confirme qu'elle accepte le principe d'un budget en excédent primaire (le solde du budget hors charge de la dette) de 1% cette année et 2% l'an prochain, qui a longtemps été l'un des points d'achoppement des discussions.
- La dette, sujet tabou -
Selon une source au fait des négociations, les créanciers ont demandé à Athènes d'augmenter la TVA sur les hôtels et restaurants à 23%, une mesure "socialement équitable" car elle toucherait principalement les touristes étrangers. Cela permettrait d'atteindre l'objectif de 1% d'excédent budgétaire primaire en ne touchant pas à la TVA à 13% sur l'électricité et à 6% sur les médicaments.
"Actuellement, 90% du chemin est fait. On ne peut pas faire échouer les choses alors qu'on en est là", selon cette source.
Les dirigeants qui ont pris part au sommet "sont sur la même longueur d'ondes, ils ont la même compréhension des possibilités et des limites", a insisté M. Tusk. "Pour la première fois, on a eu l'impression de parler la même langue", a acquiescé le Premier ministre maltais, Joseph Muscat.
Autre changement, la Grèce a accepté le principe d'une prolongation de son plan d'aide actuel au-delà du 30 juin, "comme seul moyen d'avancer" dans les négociations avec les créanciers, a déclaré une source grecque en marge du sommet.
Mais le gouvernement grec a aussi insisté sur la nécessité de régler la question de la dette et du moyen terme.
Or, sur ce sujet, les partenaires d’Athènes se sont montrés beaucoup plus prudents. "Ce qui doit être réglé, ce sont les questions budgétaires. Un reprofilage de la dette ne pourrait venir que dans une seconde étape", a expliqué M. Hollande.
Sur ce sujet tabou, notamment aux yeux de l'Allemagne, les dirigeants européens doivent être prêts à faire "leur part du travail", avait lancé plus tôt dans la journée le secrétaire américain au Trésor, Jacob Lew, qui s'était entretenu dans l'après-midi avec M. Tsipras.
Ce dernier a multiplié les contacts en marge du sommet. Une réunion bilatérale a notamment eu lieu avec le patron de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, alors que la situation des banques grecques inquiète avec une accélération des retraits des épargnants ces derniers jours.
Le conseil des gouverneurs de la BCE a relevé lundi l'aide d'urgence aux banques grecques et pourrait le faire à nouveau à tout moment si nécessaire, a indiqué une source bancaire grecque.