Les tractations sur les postes clés de l'UE se poursuivaient vendredi au G20 à Osaka (Japon), avec Emmanuel Macron et Angela Merkel à la manoeuvre et un dénouement espéré dimanche ou lundi lors d'un sommet à Bruxelles.
Au centre des discussions, l'attribution des présidences de la Commission, du Conseil européen (le cénacle des dirigeants de l'UE), du Parlement européen, de la Banque centrale européenne (BCE) et le poste de chef de la diplomatie européenne. Voici différents scénarios possibles.
France - Allemagne, 1 partout
Première possibilité, Paris et Berlin s'entendent pour se partager deux postes clés, la présidence de la Commission pour la France et celle de la BCE pour l'Allemagne.
La première pourrait être attribuée au Français Michel Barnier, le négociateur européen du Brexit. Ce dernier est membre du Parti Populaire européen, la droite pro-UE, mais il n'a pas été désigné comme le champion de cette formation arrivée en tête des élections européennes et qui réclame par conséquent ce poste.
Le candidat officiel du PPE est l'Allemand Manfred Weber, mais il n'est pas soutenu par le Conseil des chefs d'Etats et de gouvernements et Macron l'a activement combattu. Berlin refuse pour cette raison de soutenir Barnier ou tout autre candidat Français.
Une solution pourrait être la désignation d'un Allemand à la tête de la BCE, mais le candidat pressenti, le président de la Bundesbank (Banque centrale allemande) Jens Weidmann, est bloqué par la France et les pays du Sud en raison de ses positions monétaires orthodoxes et de son opposition à la politique menée par l'actuel président de la BCE, l'Italien Mario Draghi.
Pas de Français, ni d'Allemand
Seconde possibilité: trouver un candidat issu du PPE, qui ne soit ni l'Allemand Manfred Weber, ni le Français Michel Barnier. Parmi les prétendants potentiels - aucun ne s'est jusqu'ici manifesté - sont notamment mentionnées des personnalités d'Europe de l'Est: le Premier ministre croate Andrej Plenkovic (le seul déplacement de campagne pour les européennes de Merkel à l'étranger était d'ailleurs en Croatie), la présidente lituanienne Dalia Grybauskaitė et la Bulgare Kristalina Georgieva, directrice générale de la Banque mondiale.
Est aussi cité le Premier ministre irlandais Leo Varadkar, 40 ans, qui a impressionné certains de ses pairs par son habileté à gérer le Brexit.
Un social-démocrate pour "le" top job
Officiellement, le PPE ne veut pas en démordre: il veut la présidence de la Commission, "le" top job. Mais selon des sources proches des négociations, il ne fermerait pas la porte à une autre option: nommer à ce poste le Néerlandais Frans Timmermans, candidat des sociaux-démocrates (qui sont la deuxième force du parlement européen) et actuellement premier vice-président de la Commission.
En échange, le PPE réclamerait pour lui la présidence du Parlement européen et la présidence du Conseil européen, ce que les sociaux-démocrates seraient prêts à accepter. Les libéraux, troisième force au Conseil et au Parlement européen, devraient alors se contenter du poste de Haut représentant pour la diplomatie européenne.
Problème de cette option: M. Timmermans n'est pas apprécié par l'Italie et les quatre membres du groupe de Visegrad (la Hongrie et la Pologne, contre qui il a lancé des procédures pour violation de l'Etat de droit, ainsi que la Slovaquie et la République Tchèque).
Une libérale pour le top job
La Danoise Margrethe Vestager, chef de file des Libéraux, est également dans la course, même si sa formation n'est que la troisième force du Parlement européen.
Elle s'est forgée une réputation de dame de fer en occupant le poste très en vue de Commissaire européenne à la Concurrence. Le président américain Donald Trump l'accuse de détester les Etats-Unis, car elle a à plusieurs reprises infligé des amendes aux entreprises américaines.
Macron, qui est proche de sa famille politique, et Merkel l'apprécient. La nouvelle Première ministre danoise, la sociale-démocrate Mette Frederiksen, a également récemment officialisé son soutien pour que Vestager reste à la Commission (en tant que présidente ou simple commissaire).
Si Frans Timmermans échoue, les dirigeants européens pourraient évaluer si sa candidature obtient les soutiens d'au moins 21 des 28 membres du Conseil et la majorité des voix des élus du Parlement européen .