par Laurence Frost et Gilles Guillaume
PARIS (Reuters) - Valeo (PARIS:VLOF) et Safran (PARIS:SAF) présentent vendredi une voiture autonome développée en commun, qui combine le meilleur des technologies issues de l'automobile et de l'aéronautique.
Le véhicule, dévoilé sur l'esplanade des Invalides, à Paris, par Jacques Aschenbroich, directeur général de Valeo, et Jean-Paul Herteman, PDG de Safran, utilise un scanner laser, une caméra et une centrale à inertie pour se guider, respecter la signalisation et éviter les obstacles seul, sans intervention humaine.
"Pour faire une fonction complète, vous avez des capteurs qui viennent de chaque société et des capteurs mixtes", a déclaré à Reuters Guillaume Devauchelle, directeur R&D de Valeo.
"L'idée est d'échanger les briques, mais de ne pas faire deux fois la même chose. Nous développons une technologie ensemble, ou nous complétons une technologie que l'on a déjà par les apports de l'autre, et ensuite chaque société développe pour l'aéronautique et pour l'automobile", a-t-il ajouté.
En revanche, la voiture autonome "Drive4U", qui préfigure des modèles envisagés à l'horizon 2018-2020, se passe du positionnement par satellite, les signaux GPS étant gênés par la réflexion des immeubles, les passages sous-terrain ou l'usage croissant de brouilleurs.
L'équipementier automobile et l'équipementier aéronautique ont conclu en septembre 2013 un partenariat de recherche et développement, basé sur l'échange de technologies, qui n'est toutefois pas assorti d'un volet financier.
Safran a par exemple utilisé pour des blindés un système de Valeo permettant de visualiser en 3D l'extérieur de son véhicule lors du stationnement, ce qui permet un "blindage transparent" dans la version militaire, tandis que Valeo a emprunté à Safran un dispositif de contrôle d'identité pour l'analyse à bord du comportement des conducteurs de voiture.
L'AÉRO A DE PLUS EN PLUS BESOIN DE L'AUTO
Plusieurs technologies de pointe inventées pour l'aviation ont déjà trouvé par la suite des applications dans l'automobile, mais avec le développement tous azimuts de l'électronique à bord des avions et des voitures, et la course aux technologies d'aide à la conduite pour les véhicules terrestres, les passerelles se multiplient désormais dans les deux sens.
"C'est moins directionnel que par le passé", poursuit Guillaume Devauchelle. "La plupart des systèmes sont aujourd'hui électroniques, et l'aéronautique n'a pas du tout les quantités pour développer des composants spécialisés. Plus les systèmes deviennent complexes (...) plus l'aéronautique a besoin de s'appuyer sur des technologies développées pour des applications de volume, et l'automobile est probablement ce qui est de plus proche."
"Après tout, on se rend compte qu'un véhicule autonome, c'est un drone terrestre", ajoute-t-il.
Valeo ne limite pas ses échanges à l'aéronautique, à la défense ou aux télécoms, puisqu'il a déjà collaboré avec un fabricant d'électroménager pour des applications thermiques présentes aujourd'hui sur des voitures, et a même des contacts avec le secteur médical dans le domaine de l'analyse physiologique de l'état de santé des conducteurs.
L'omniprésence des smartphones et la possibilité d'importer à bord d'une voiture l'univers évolutif et les multiples applications de son téléphone ont également ouvert un débat entre les constructeurs automobiles et les entreprises high tech comme Google (NASDAQ:GOOGL) ou Apple (NASDAQ:AAPL) sur la maîtrise du tableau de bord du futur.
"L'automobile, qui était vraiment isolée précédemment, a besoin de beaucoup plus de champs de compétence qu'avant", souligne le directeur R&D de Valeo. "Avant, l'automobile ne dialoguait pas avec l'extérieur."
(Edité par Jean-Michel Bélot)