Le salon aéronautique de Dubaï s'est ouvert dimanche dans un climat d'enthousiasme modéré, les prévisions de commandes n'atteignant pas les chiffres vertigineux de la précédente édition, mais l'événement reste incontournable grâce aux prospères compagnies du Golfe.
Plus d'un millier d'exposants d'une soixantaine de pays participent jusqu'à jeudi à cet événement biennal, dont Airbus (PA:AIR) et Boeing (N:BA), les deux principaux constructeurs aéronautiques qui se disputent les commandes dans la région du Golfe.
La dernière édition du salon aéronautique de Dubaï avait établi un record en générant 200 milliards de dollars de commandes.
"En raison des importantes commandes passées, le pointage cette année sera moins important que les années précédentes", reconnaît Ben Moores, analyste à l'IHS Aerospace, Defense & Security. "En fait, nous pourrions établir un record en termes de faibles commandes".
Les trois principales compagnies du Golfe -- Emirates pour Dubaï, Etihad pour Abou Dhabi et Qatar Airways -- ont déjà une longue liste de commandes auprès de Boeing et d'Airbus, et plusieurs constructeurs ont annoncé qu'ils ne feraient pas d'annonce majeure au salon de Dubaï.
Le PDG d'Etihad, James Hogan, a ainsi précisé que les commandes de la compagnie suffisaient pour couvrir ses prévisions de développement jusqu'à 2040.
Etihad a annoncé dimanche avoir converti en commandes des options pour deux Boeing 777 cargo. Les deux appareils valent 637 millions de dollars au prix du catalogue et doivent être livrés en 2016.
Emirates a finalisé l'an dernier une commande de 150 Boeing 777, pour une valeur de 56 milliards de dollars.
"Emirates a signé il y a deux ans de nombreux contrats", a déclaré dimanche à l'AFP le président de la compagnie, cheikh Saïd Al-Maktoum, laissant entendre qu'il n'y aurait pas de commandes cette année.
Il avait indiqué peu auparavant aux journalistes ne pas s'attendre à de "nouvelles" commandes, étant donné le grand nombre de commandes des "compagnies du Golfe lors de la dernière édition du salon".
Reste que la croissance du secteur, de 6,2% par an dans la région, est supérieure à celle dans le reste du monde, environ 5%. Selon Boeing, la demande de nouveaux avions au Moyen-Orient sera de 3.180 appareils au cours des 20 prochaines années, pour une valeur de 730 milliards de dollars.
"Environ 80% de la population mondiale vit à huit heures de vol du Golfe", souligne Randy Tinseth, vice-président de Boeing Commercial Aircraft. Grâce à cette position géographique stratégique, les compagnies du Golfe offrent des liaisons à une seule escale entre de nombreuses villes.
Le constructeur brésilien Embrarer, spécialisé dans les avions de taille moyenne, a indiqué s'attendre à une demande au Moyen-Orient de 220 avions de 70 à 130 sièges d'ici 2034 d'une valeur totale de 10 milliards de dollars au prix du catalogue.
La croissance du secteur au Moyen-Orient est nourrie par les vols long-courrier, mais le marché des moyen-courrier "garde de l'importance" car il peut notamment "donner accès à de petits marchés", souligne le constructeur dans un communiqué.
"En 2015, les vols interrégionaux sont effectués avec moins de 120 passagers", a ajouté Embraer, relevant que ce segment du marché n'avait pas besoin de gros porteurs.
Faute de commandes d'avions civils, le salon pourrait cette année être animé par le spatial et la défense, en raison de la situation tendue dans la région et du projet des Emirats arabes unis d'envoyer une sonde sur mars en 2021.