Le spécialiste français du nucléaire, Areva (PARIS:AREVA), en grande difficulté financière, a annoncé qu'il prévoyait la suppression de 1.500 postes en Allemagne, alors que l'impact global de son plan de transformation sur les effectifs du groupe sera connu dans les prochains mois.
Les suppressions d'emplois évoquées au cours d'une réunion mardi à Offenbach (ouest) entre le personnel allemand et la direction du groupe, dont le directeur général Philippe Knoche, portent sur "1.500 postes équivalent temps plein de 2015 à 2017", a affirmé un porte-parole du groupe à l'AFP.
Une semaine après la publication d'une perte record de près de 5 milliards d'euros et d'un plan d'économies de 1 milliard d'euros, cette annonce est la première conséquence sociale tangible du plan de transformation envisagé par le groupe, détenu à 87% par des capitaux publics.
Son directeur général avait affirmé que des suppressions d'emplois n'étaient pas à exclure mais que le groupe ferait tout pour que "s'il doit y avoir des départs, ils se fassent sur la base du volontariat".
Pour les salariés allemands d'Areva l'annonce de ce mercredi est un coup dur après une première coupe dans les effectifs, de plus de 1.000 postes depuis 2011, suite à la décision de l'Allemagne de fermer ses centrales nucléaires.
D'autant que le groupe français, qui compte plus de 5.100 collaborateurs dans ce pays, pourrait également décider d'y fermer certains sites. "Rien n'est exclu", a affirmé le même porte-parole.
Les négociations avec les organisations syndicales vont se poursuivre tout le mois d'avril mais d'ores et déjà le puissant syndicat IG Metall craint que le site d'Offenbach ne soit touché, car c'est "le site le plus en danger pour le moment", selon Wolfgang Niclas son représentant chez Areva.
Le groupe compte huit sites dans ce pays dans le nucléaire et les énergies renouvelables, selon les données publiées sur son site internet. Le siège de ses activités outre-Rhin se trouve à Erlangen, en Bavière (sud).
- un comité de groupe dans une ambiance "assez tendue" -
Le reste des 45.000 collaborateurs du groupe, dont les deux tiers sont en France, devront patienter encore quelques mois avant d'être fixés sur leur sort, alors même que la direction d'Areva n'a pour l'instant avancé que les grandes lignes de sa future stratégie pour redresser le groupe.
Celle-ci passe par un rencentrage sur ses activités au coeur des procédés nucléaires avec une orientation plus marquée vers le marché chinois ainsi que la cession de certains de ses actifs.
Et il y a aussi la question hautement sensible des relations avec EDF (PARIS:EDF), qui a pris un tour très politique avec les déclarations du gouvernement n'excluant pas un rapprochement capitalistique, alors qu'Areva est dans l'obligation de trouver des partenaires pour renflouer ses comptes.
Pour la CGT et la CFDT, les deux premiers syndicats du groupe, il est absolument nécessaire d'éclaircir cette future stratégie avant toute discussions sur les conséquences sociales.
"En France, on n'aborde pas le problème du social pour l'instant", a déclaré à l'AFP Pascal Evariste, coordinateur CGT.
La direction "va essayer de faire un accord de méthode", mais "tant que la stratégie n'est pas fixée, tant qu'on n'a pas de vision claire et précise, (de quoi) voulez-vous qu'on discute?", a-t-il insisté. On va attendre d'avoir la "stratégie définitive", a renchéri Jean-Pierre Bachmann, coordinateur CFDT, en évoquant l'éventuel rapprochement avec EDF.
Un premier comité de groupe France s'est tenu vendredi dernier, dans une "ambiance assez tendue", selon M. Evariste, car la direction "voulait en faire la première séance d'une consultation du comité de groupe, ce qu'on a refusé". La direction est "arrivée à faire l'unanimité des syndicats" contre elle, a-t-il précisé.
Le prochain comité de groupe est le 20 mars. Les négociations sur l'accord de groupe devraient débuter fin mars et s'étaler jusqu'en mai, a indiqué Jean-Pierre Bachmann.
Une journée intersyndicale est prévue le 19 mars sur tous les sites, pour prendre le pouls des salariés et les informer.