Après une baisse en janvier, le chômage est reparti à la hausse en février, flirtant avec son record absolu atteint fin 2014, une nouvelle épine dans le pied de la majorité avant le second tour des départementales.
Fin février, Pôle emploi recensait 3,49 millions de demandeurs d'emploi sans aucune activité en métropole, soit 12.800 de plus que le mois précédent. La hausse a été légèrement moins forte avec l'outre-mer: +0,3% à 3,75 millions.
En incluant les chômeurs ayant exercé une petite activité, le chômage a atteint de nouveaux records, à 5,26 millions en métropole et 5,56 millions en France entière.
Mais plutôt que la hausse de février, le ministre du Travail François Rebsamen préfère mettre l'accent, dans un communiqué, sur la légère baisse (-6.300, -0,2%) enregistrée en catégorie A (sans aucune activité) sur les deux premiers mois de l'année. Un chiffre "encourageant", selon lui, et une "première" depuis 2008.
Autre élément de satisfaction pour M. Rebsamen: le chômage des jeunes baisse pour le deuxième mois consécutif (-0,3% sur un mois), mais reste stable sur un an. Cela atteste, selon le ministre, du "succès" des dispositifs en faveur des jeunes (emplois d'avenir, garantie jeunes).
En revanche, la situation continue de se dégrader pour les seniors: +0,7% sur un mois, +9,1% sur un an.
Même constat pour le chômage de longue durée. Fin février, petite activité comprise, 2,28 millions de personnes pointaient à Pôle emploi depuis plus d'un an, un chiffre en explosion (+0,8% en février, +9,5% sur un an).
- Un air de déjà-vu -
Ces mauvais chiffres tombent mal pour la majorité, à quatre jours du second tour des départementales. D'autant qu'elle est déjà en mauvaise posture après avoir été éliminée d'un quart des cantons dès le premier tour.
Ce scenario a un air de déjà-vu pour le gouvernement. Il y a un an quasiment jour pour jour, l'entre-deux tours des municipales avait été marqué par un bond du chômage. Quatre jours plus tard, la gauche avait subi une cinglante défaite, perdant plus de 150 villes de plus de 9.000 habitants.
L'exécutif avait pourtant laissé entendre, par la voix de sa secrétaire d'Etat au Commerce Carole Delga, qu'il attendait une "nouvelle plutôt favorable" ce mercredi.
Mais ces chiffres sont conformes à la plupart des prévisions. L'Unédic tablait en janvier sur 104.000 chômeurs supplémentaires en métropole sur l'année, quand l'Insee voyait son taux de chômage grimper à 10,2% d'ici à mi-2015, contre 10,0% fin 2014.
Le Premier ministre Manuel Valls a d'ailleurs concédé lundi que "tant que nous n'avons pas un niveau de croissance suffisant, c'est-à-dire au-dessus de 1,5%, c'est difficile de faire baisser le chômage". Or, le gouvernement prévoit une croissance de 1% cette année.
Son ministre du Travail promet malgré tout "une année 2015 meilleure que 2014", avec "une stabilisation, voire une baisse du chômage" à la fin de l'année.
En attendant, l'opposition ne compte pas cesser le feu, surtout en période électorale.
Le président de l'UMP Nicolas Sarkozy a prédit "beaucoup plus de chômeurs" en France "à la fin 2015". "Quand le chômage baissera, M. Hollande, c'est que vous serez parti", avait-il déjà lancé début mars lors d'un meeting à Marseille.
De son côté, le Front national prospère dans les territoires les plus ravagés par le chômage. Marine Le Pen espère remporter le Vaucluse et l'Aisne, deux des départements les plus touchés.
Mais malgré les échecs électoraux, l'exécutif exclut de changer de cap. Le président a prévenu avant le premier tour: "Il n'y aura pas de changement, ni de ligne ni de Premier ministre."