par Andreas Cremer et Edward Taylor
WOLFSBURG, Allemagne (Reuters) - Le scandale du trucage des tests anti-pollution dans lequel Volkswagen (DE:VOWG_p) se débat depuis septembre pourrait lui coûter encore plus que les 16,2 milliards d'euros déjà mis de côté, ce qui pourrait le conduire à céder des actifs si nécessaire, a déclaré le groupe allemand jeudi.
Le premier constructeur automobile européen, qui a avoué avoir installé sur des millions de véhicules un logiciel de manipulation des mesures d'émissions polluantes, a expliqué que la réduction des coûts et la bonne tenue des ventes en Chine et en Europe devraient lui permettre d'enregistrer des résultats d'exploitation solides cette année.
Mais il a ajouté qu'il lui restait de nombreux obstacles à franchir, entre autres pour réduire les coûts de VW, sa principale marque, et pour réformer une organisation très centralisée accusée d'avoir manqué de vigilance et de retarder les lancements de nouveaux produits.
S'il a annoncé la semaine dernière avoir conclu un accord avec les autorités américaines pour éviter un procès aux Etats-Unis, le groupe reste exposé à des procédures multiples au civil et visé par une enquête judiciaire susceptible d'aboutir à une mise en accusation.
Dans son rapport annuel publié jeudi, Volkswagen écrit qu'il pourrait devoir faire face à "d'importantes obligations financières supplémentaires" et ajoute que "le financement nécessaire pour couvrir les risques pourrait conduire à la cession de certains actifs", sans plus de précision.
Des analystes financiers avaient auparavant évoqué la possibilité que le groupe cède son activité de camions pour lever des capitaux frais mais le président du directoire, Matthias Müller, a déclaré à la presse que cette hypothèse n'était pas à l'étude actuellement.
Le directeur financier, Frank Witter, a précisé que le groupe n'avait en projet aucune cession de marque ou de filiale et ajouté que les provisions constituées jusqu'à présent devraient être suffisantes pour couvrir les coûts liés au scandale.
LA STRATÉGIE MULTI-MARQUES RÉAFFIRMÉE
"Nous croyons en notre stratégie d'entreprise multi-marques et dans la force de notre modèle économique, donc nous n'avons aucune cession d'actif à l'ordre du jour", a-t-il dit lors d'une conférence de presse sur les résultats financiers 2015. "Mais bien sûr, nous étudions tous les 'si' et nous nous y préparons."
Les investisseurs attendent entre autres les conclusions de l'enquête commandée par le groupe au cabinet juridique américain Jones Day sur les responsabilités dans l'affaire des émissions.
Volkswagen a publié vendredi dernier une perte annuelle record et il a fortement réduit son dividende.
Les résultats détaillés présentés jeudi montrent entre autres que la marque VW, la plus importante par le chiffre d'affaires, a été la plus affectée par le scandale, avec une perte de 127 millions d'euros sur les trois derniers mois de 2015 contre un bénéfice de 780 millions un an plus tôt.
Le groupe précise que la faiblesse des marchés russe et brésilien a aussi contribué à ce retournement.
La marque s'est engagée dans un plan de réductions de coûts de cinq milliards d'euros et le groupe a précisé jeudi s'attendre à une nette amélioration de ses marges à 5,5-6,5% cette année après 2% seulement en 2015.
"Nous savons que 2016 sera à nouveau une année très éprouvante pour le groupe VW", a dit Matthias Müller.
Le constructeur de Wolfsburg, qui veut également développer son offre de véhicules électriques, a précisé qu'il anticipait désormais des économies d'un milliard d'euros sur le long terme grâce au rapprochement de ses filiales de poids lourds MAN et Scania, et non plus de 850 millions.
Les initiatives visant à améliorer les structures et la rentabilité des 12 marques du groupe seront complètement en place d'ici le début 2017 et un plan stratégique définissant les objectifs et les priorités jusqu'en 2025, qui sera publié en juin, "progresse bien", a assuré le président du directoire.
L'action Volkswagen gagnait 1% à 130,45 euros à 14h40 GMT à la Bourse de Francfort alors que l'indice Dax était pratiquement inchangé.
(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand)