par Andreas Rinke et Sarah Marsh
CHONGQING/BERLIN (Reuters) - Le chancelier allemand Olaf Scholz a débuté dimanche une tournée de trois jours en Chine afin de renforcer les liens commerciaux entre Berlin et Pékin, sur fond d'escalade des tensions au Moyen-Orient après l'attaque de l'Iran contre Israël.
À son arrivée, Olaf Scholz a condamné les frappes iraniennes "dans les termes les plus forts possibles", a fait savoir son porte-parole.
"Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher une nouvelle escalade", a déclaré le chancelier à la presse.
"Nous ne pouvons que mettre en garde tout le monde, et en particulier l'Iran, contre une poursuite de la situation".
Olaf Scholz commence sa visite dans la ville de Chongqing, dans le sud-ouest du pays, et se rendra également à Shanghaï et à Pékin. Accompagné de ministres et d'une importante délégation patronale, il doit rencontrer mardi le président chinois Xi Jinping et le premier ministre Li Qiang.
L'attaque de l'Iran a quelque peu redéfini l'ordre du jour et le ton de la visite d'Olaf Scholz, qui participera par exemple, depuis son hôtel, à une visioconférence avec les dirigeants du G7 dimanche pour discuter de la situation, a indiqué une source de la délégation allemande à Reuters.
Des membres de la délégation avaient également exprimé l'espoir, avant le voyage, que Pékin puisse jouer un rôle positif dans l'apaisement des tensions croissantes au Moyen-Orient, malgré leur évaluation critique de son soutien à la Russie lors de l'invasion de l'Ukraine.
La Chine a en effet joué un rôle de médiateur entre l'Iran et l'Arabie saoudite l'année dernière, et Reuters a rapporté que Pékin avait demandé à l'Iran d'aider à limiter les attaques de navires en mer Rouge par les Houthis du Yémen, soutenus par Téhéran, sous peine de nuire aux relations commerciales avec Pékin.
EXPORTATIONS CHINOISES
Plus tôt dans la journée de dimanche, le chancelier a visité l'usine de piles à hydrogène de l'équipementier automobile allemand Bosch à Chongqing, braquant ainsi les projecteurs sur une région où les tensions sont de plus en plus vives.
L'Union européenne (UE) a lancé plusieurs enquêtes sur les exportations chinoises, telles que les batteries de véhicules électriques, qui, selon elle, ont bénéficié de subventions de l'État.
L'industrie automobile allemande craint que ces enquêtes ne débouchent sur une guerre commerciale qui pourrait nuire à ses perspectives sur le plus grand marché automobile du monde.
La visite d'Olaf Scholz est suivie de près afin de déterminer dans quelle mesure l'Allemagne soutient l'enquête de l'UE, même si la position générale de Berlin à l'égard de la Chine est devenue plus critique depuis la guerre en Ukraine.
L'année dernière, l'Allemagne a également publié sa première stratégie à l'égard de la Chine, décrivant les "pratiques déloyales" et les risques pour les chaînes d'approvisionnement en cas de conflit potentiel à propos de Taïwan, et préconisant une "réduction des risques". Toutefois, les efforts de diversification vis à vis de la Chine sont pour l'instant inégaux.
Au cours de sa visite, Olaf Scholz devrait également aborder la question du soutien de la Chine à la Russie. Vendredi, des responsables allemands ont dénoncé les exportations de Pékin vers la Russie.
"Il s'agit pour la Chine de ne pas soutenir la Russie dans sa guerre brutale contre son voisin l'Ukraine", a écrit Olaf Scholz dans un message publié samedi sur le réseau social X.
(Reportage Andreas Rinke à Chongqing et Sarah Marsh à Berlin ; version française Kate Entringer)