Agents d'entretien, aides à domicile, employés de cuisine: les employeurs prévoient d'embaucher davantage cette année qu'en 2014, selon Pôle emploi, surtout dans les métiers peu qualifiés où les difficultés de recrutement demeurent, malgré un chômage record.
Fait notable cette année, "une hausse des projets de recrutement (+2,3%), tirée très fortement par un élargissement du nombre d'établissements qui souhaitent recruter, puisque 20,7% des entreprises" projettent d'embaucher, a commenté jeudi Thomas Cazenave, directeur général adjoint de Pôle emploi, lors d'une conférence de presse de présentation de la traditionnelle enquête "Besoins en main d’œuvre", à laquelle ont répondu plus de 400.000 entreprises.
Cette progression des intentions d'embauche est toutefois moins importante qu'en 2014, où les projets de recrutement avaient bondi de 5,4% par rapport à 2013.
Autre particularité: près de 40% des 1,7 million d'embauches attendues cette année concernent des emplois saisonniers, une proportion stable par rapport à l'an passé.
Trois projets d'embauche sur quatre relèvent par ailleurs d'entreprises de moins de 50 salariés.
Dans le Top 10 des profils les plus recherchés, hors emplois saisonniers: agents d'entretien, aides à domicile, employés de cuisine, aides-soignants, ingénieurs informatique, attachés commerciaux, artistes, secrétaires, animateurs socioculturels et serveurs de café.
En terme de secteurs d'activité, les services aux particuliers arrivent donc largement en tête, avec plus de 40% des projets d'embauche (+3,2%). A l'opposé, la construction enregistre une dégringolade de 16,6% et arrive en dernière place avec seulement 4,3% des intentions de recrutement.
Pour Stéphane Ducatez, directeur des statistiques à Pôle emploi, ce classement met en avant "des métiers peu qualifiés des services à la personne et quelques métiers qualifiés comme des ingénieurs ou des cadres de l'informatique". Un "reflet de l'économie française", selon lui, "puisque le poids des cadres dans les intentions de recrutement est de 10 à 11%".
- Grande métropoles et arc Atlantique -
Bonne nouvelle pour les salariés: "une hausse significative des intentions correspondant à des embauches durables, puisque, si on cumule CDI et CDD de plus de 6 mois, cela représente quasiment 58% des intentions d'embauche", a relevé Thomas Cazenave, le numéro deux de Pôle emploi.
Les régions les plus dynamiques restent les grandes métropoles, le Sud-Est et l’arc Atlantique. "Ile-de-France, Rhône-Alpes, Paca, Aquitaine et Pays de Loire concentrent plus de 50% des intentions de recrutement", a souligné Thomas Cazenave.
L'édition 2015 de l'enquête de Pôle emploi confirme aussi une baisse tendancielle des difficultés de recrutement anticipées.
Alors que la question polémique des emplois dit "non pourvus" revient fréquemment dans le débat public dans un contexte de chômage de masse - 3,49 millions de demandeurs d'emploi sans aucune activité recensés fin février en métropole, près du record absolu atteint fin 2014- , Pôle emploi note que "la part des embauches jugées difficiles s’établit à 32,4%, soit 10 points de moins qu’en 2012". "Toutefois, les difficultés restent plus importantes dans les petites structures", souligne l'opérateur.
Aides à domicile, mécaniciens ou encore professionnels du paramédical figurent parmi les métiers où les employeurs peinent le plus à trouver des candidats conformes à leurs attentes.
Pour expliquer ces difficultés, ils évoquent d'abord la pénurie de candidats, mais aussi l'inadéquation des profils et, nouveauté, les "conditions de travail proposés", par exemple sur les métiers de boucher et d'aide à domicile. "Il y a peut-être une forme de prise de conscience de la part des employeurs que les conditions de travail peuvent constituer un obstacle", selon Thomas Cazenave.
Pour la première fois, Pôle emploi a recoupé les résultats de son enquête 2014 avec les embauches réellement effectuées: près de 80% des entreprises ayant déclaré avoir l'intention de recruter lors de l'enquête ont réalisé au moins une embauche.