par Benjamin Mallet
PARIS (Reuters) - TotalEnergies a publié jeudi un résultat net ajusté record au titre du troisième trimestre 2022, dopé encore une fois par le bond du prix des hydrocarbures, mais a dû enregistrer une nouvelle provision liée à la Russie, d'un montant de 3,1 milliards de dollars.
Le groupe pétrolier avait déjà comptabilisé au premier semestre 7,6 milliards de dollars de provisions liées à ses participations dans le projet Arctic LNG 2 et dans la société gazière Novatek alors que la Russie - où il reste également présent à travers Yamal LNG - est la cible de sanctions internationales depuis qu'elle a envahi l'Ukraine, en février.
La nouvelle dépréciation est liée à la participation de 19% dans Novatek et au fait que les transferts de trésorerie en provenance de Russie deviennent de plus en plus incertains, a précisé le directeur financier, Jean-Pierre Sbraire, lors d'une conférence téléphonique avec les analystes.
Au cours des neuf premiers mois de l'année, le groupe français a perçu 748 millions de dollars de dividendes de ses actifs en Russie. Ses capitaux employés dans le pays ressortent à 6,1 milliards au 30 septembre.
"Je ne suis pas convaincu que nous continuerons à avoir des flux en provenance de Russie dans les mois à venir", a déclaré en septembre Patrick Pouyanné, son PDG, lors d'une présentation aux investisseurs de la stratégie et des perspectives de TotalEnergies, qui excluent désormais la présence résiduelle du groupe en Russie.
TotalEnergies a enregistré au troisième trimestre un résultat net ajusté de 9,9 milliards de dollars (contre 4,8 milliards au T3 2021), un Ebitda ajusté de 19,4 milliards (+74%) et une marge brute d'autofinancement de 11,7 milliards (+46%), avec une production d'hydrocarbures de 2,669 millions de barils par jour (Mb/j), en repli de 5%.
IMPACT "TRÈS LIMITÉ" DES GRÈVES EN FRANCE POUR LE GROUPE
Le groupe a aussi confirmé l'augmentation de 5% de ses acomptes sur dividende pour 2022 en proposant un montant de 0,69 euro par action au titre du troisième trimestre, en ligne avec sa politique de hausse présentée en février.
Il table toujours sur des investissements nets de l'ordre de 16 milliards de dollars cette année, dont 25% consacrés aux "énergies décarbonées", et a réitéré sa stratégie d'allocation de 35% à 40% de son cash-flow à ses actionnaires, avec notamment 7 milliards de rachats d'actions pour l'ensemble de 2022.
Soulignant que le cours du pétrole est porté par la décision des pays de "l'Opep+" de baisser leurs quotas de production, TotalEnergies estime que les prix du gaz "devraient également rester élevés" tandis que les marges de raffinage seraient soutenues par l'interdiction d'importation de produits pétroliers russes en Europe à partir de février 2023.
Le groupe anticipe que son prix moyen de vente de GNL devrait dépasser 17 dollars par million d'unités thermiques britanniques (Mbtu) au quatrième trimestre et que sa production s'établirait autour de 2,8 Mb/j.
Son directeur financier a en outre déclaré que l'impact pour TotalEnergies des grèves dans le raffinage en France sur octobre était "très limité".
(Reportage Benjamin Mallet ; édité par Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse)