par Oliver Hirt, Stefania Spezzati et John O'Donnell
(Reuters) - UBS Group AG tenait dimanche des pourparlers d'urgence en vue de racheter sa compatriote Crédit Suisse (SIX:CSGN), pour un montant pouvant aller jusqu'à un milliard de dollars selon des informations de presse, les autorités suisses tentant de prévenir le risque de turbulences à la rouverture des marchés mondiaux lundi.
Dans le cadre du sauvetage de la deuxième banque suisse, ébranlée en Bourse cette semaine, les autorités examinent la possiblilité d'imposer des pertes aux créanciers obligataires de l'établissement, ont dit à Reuters deux sources proches du dossier.
Crédit Suisse et UBS ont refusé de commenter ces informations tandis qu'aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès du gouvernement suisse.
Selon le Financial Times, l'offre toute en titres d'UBS a été faite dimanche matin au prix unitaire de 0,25 franc suisse, un prix bien inférieur au cours de clôture de l'action Crédit Suisse, vendredi (1,86 franc).
Bloomberg News a rapporté de son côté, citant des sources proches du dossier, que Crédit Suisse résistait à l'offre d'UBS, la jugeant trop basse et susceptible de pénaliser ses actionnaires et ses salariés ayant des options sur actions.
Si l'offre échoue, ajoute Bloomberg, la Suisse envisage la possibilité de reprendre la totalité de la banque, ou au moins une participation significative dans son capital.
Une source au fait des discussions a dit samedi à Reuters qu'UBS réclamait une garantie d'environ six milliards de dollars (5,6 milliards d'euros) de la part du Conseil fédéral suisse en vue d'une possible reprise de Credit Suisse .
Les discussions étant toujours en cours, ce montant pourrait être modifié car plusieurs scénarios sont encore à l'étude, a précisé cette source.
Les garanties doivent servir à couvrir le coût de la dépréciation de certains actifs de Credit Suisse et de possibles frais de contentieux, ont précisé deux sources à Reuters.
Les discussions destinées à résoudre la crise de confiance autour de Credit Suisse se heurtent à d'importants obstacles et quelque 10.000 emplois pourraient être menacés si les deux banques fusionnent, a déclaré l'une des sources.
Les autorités suisses de régulation sont soucieuses de présenter une solution pour l'avenir de Credit Suisse avant la réouverture des marchés lundi, a ajouté cette source.
Dimanche sur France 3, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a appelé à ce qu'"une solution rapide, massive et crédible" soit trouvée.
Au moins deux grandes banques en Europe examinent actuellement les scénarios d'une possible contagion et attendent de la Fed et de la BCE qu'elles interviennent en envoyant des signaux plus fort de soutien, ont dit à Reuters deux hauts dirigeants au fait de ces délibérations.
Une des principales questions posée lors des discussions internes est de savoir si une communication trop précoce ne risquerait pas d'avoir l'effet contraire en alimentant un mouvement de panique, ont-ils ajouté
La BCE a refusé de commenter cette information tandis qu'aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès de la Fed.
L'établissement suisse vieux de 167 ans compte parmi les 30 plus importantes banques du monde d'un point de vue systémique, et sa faillite provoquerait une onde de choc à travers l'ensemble du secteur financier mondial. Les difficultés de Crédit Suisse ont éclaté après la chute de deux banques américaines, SVB et Signature.
(Avec John Revill, Gilles Guillaume pour la version française)