La Pologne a fait monter la pression jeudi juste avant un sommet européen à Bruxelles en menaçant de ne pas signer le nouveau pacte sur la discipline budgétaire du fait d'un différend avec la France sur la participation de Varsovie aux réunions de la zone euro.
"La Pologne doit faire partie du processus décisionnel concernant le fonctionnement du pacte budgétaire (...) si nous constatons que les solutions retenues ne nous garantissent pas un véritable rôle, nous n'allons pas signer ce pacte", a déclaré le Premier ministre, Donald Tusk, à la presse à l'issue d'une réunion de son cabinet.
Il a précisé en avoir informé jeudi "tous les intéressés", à commencer par la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.
"Le pacte budgétaire ne doit pas conduire à la division durable de l'Union européenne en deux clubs, l'euro et les autres", a déclaré le Premier ministre.
La question de la participation aux sommets de la zone euro est l'un des sujets de friction du sommet des dirigeants européens du 30 janvier où devra être adopté un nouveau traité européen visant à renforcer la discipline budgétaire commune.
En dépit de l'opposition de la France en particulier, la Pologne estime que tous les pays de l'UE amenés à adhérer un jour à l'euro et ceux qui signeront le traité budgétaire doivent participer aux cénacles de l'Union monétaire dans la mesure où des décisions les concernant y seront prises.
La Pologne, qui ne fait pas encore partie de l'Union monétaire, redoute de la voir en son absence devenir peu ou prou une entité séparée de l'Union européenne à 27 pays.
Avec la crise de la dette, la nécessité de travaux séparés des 17 pays de la zone euro s'est imposée, à la grande satisfaction de la France qui, depuis longtemps déjà, prône la constitution d'un "gouvernement économique" bien distinct de la zone euro. Il est prévu désormais qu'au moins deux fois par an les pays de l'Union monétaire se retrouvent en sommet.
"La question clé, et c'est là où le bât blesse, est de savoir si les éventuelles rencontres des pays de la zone euro resteront exceptionnelles et traiteront de problèmes très spécifiques de la zone euro -- là on pourrait éventuellement envisager de donner notre accord -- ou bien si ces rencontres constitueront la base de fonctionnement du pacte budgétaire, et là nous ne donnerons pas notre accord", a dit M. Tusk.
Le nouveau traité comporte aussi une partie sur la gouvernance de la zone euro. Il y est dit que les pays signataires seront invités au moins une fois par an aux sommets des pays de l'Union monétaire, sur les questions liées au traité budgétaire. Ce n'est pas assez pour Varsovie.
"Les décisions prises par la zone euro ont un impact sur tous les pays de l'Union européenne et en particulier ceux (comme la Pologne) qui adhèreront à la zone euro. Il est donc logique que ces pays soient invités à de telles réunions", a déclaré à l'AFP le ministre polonais des Affaires européennes, Mikolaj Dowgielewicz.
La Pologne, qui a rejoint l'Union européenne en 2004, ne fait pas encore partie de la zone euro mais a l'obligation un jour d'y entrer. Elle n'a pas encore fixé de date.
M. Tusk a également averti que la Pologne pourrait revoir sa participation de 4 milliards de dollars au renflouement prévu du FMI pour aider la zone euro.
"Il est évident que notre détermination et notre volonté d'aider dépendra du niveau de notre engagement dans les travaux du pacte budgétaire", a déclaré M. Tusk.
Des négociations sont en cours à Bruxelles pour tenter de trouver un compromis d'ici au sommet de lundi. "C'est une question symboliquement très importante à la fois pour la Pologne et la France, on essaie de trouver la bonne formule pour que chacun sauve la face", confie un diplomate.