Les taux d'emprunt du Portugal et des autres pays du sud de la zone euro se sont détendus vendredi après les secousses de la veille, liées aux difficultés d'une grande banque portugaise.
Ces taux ont terminé en baisse après avoir démarré la séance en légère hausse, dans le prolongement des fortes tensions de jeudi.
A 18H00 (16H00 GMT), le taux à 10 ans du Portugal s'est établi à 3,866%, contre 3,985% jeudi, à la clôture sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.
Il avait flambé jeudi, franchissant même brièvement les 4%, pénalisé par les affres de la banque portugaise Espirito Santo (BES), dont le principal actionnaire est en proie à une grave crise financière.
De même, après s'être tendu sensiblement la veille, le taux de l'Espagne a terminé à 2,771% contre 2,825% la veille, celui de l'Italie à 2,888% contre 2,945%.
Les dettes de ces pays "ont réduit les pertes enregistrées hier", confirme Nordine Naam, stratégiste chez Natixis.
"La Banque du Portugal, qui a annoncé que la BES avait les moyens de faire face aux difficultés de son groupe, a rassuré le marché et a calmé le jeu", rapporte-t-il.
La Banque du Portugal a déclaré vendredi que les réserves financières de la BES étaient "suffisantes", après des propos similaires tenus à l'AFP par un porte-parole jeudi soir.
Le Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho a quant à lui écarté vendredi le scénario d'une intervention publique pour venir en aide à la BES.
En parallèle, les autorités boursières portugaises ont décidé d'interdire pendant la journée de vendredi la vente à découvert des actions de la BES. Le titre a repris sa cotation en milieu de journée vendredi après avoir été suspendu.
Pour l'heure, les marchés ne semblent pas retenir le scénario d'une contagion à d'autres pays de la zone euro.
Les problèmes ne concernent qu'une banque et "la situation n'est pas pareille dans les autres pays, notamment en Espagne", souligne M. Naam.
Selon le stratégiste, la hausse des taux de jeudi et donc la baisse du cours des obligations offrent même des occasions d'achat pour les investisseurs.
En outre, "alors que les dettes périphériques avaient été très recherchées avant l'action de la BCE (Banque centrale européenne) début juin, elles ont depuis eu tendance à consolider avec des prises de profits", rappelle le stratégiste.
Plus généralement, ces difficultés au Portugal soulignent "surtout que le secteur bancaire reste encore fragile en zone euro" et par conséquent "le travail qui est en train d'être fait par la BCE en terme de supervision est une bonne chose", selon M. Naam.
De leur côté, les dettes des pays les plus solides ont peu évolué, après avoir servi de valeur refuge aux investisseurs la veille.
Le taux de l'Allemagne s'est inscrit à 1,203% contre 1,198% la veille et celui de la France a terminé à 1,641% contre 1,638%. Le rendement français avait atteint un plus bas historique à 1,604% jeudi matin.
Hors zone euro, le taux britannique à 10 ans a reculé à 2,601% contre 2,627% la veille.
Le rendement à 10 ans des États-Unis baissait, à 2,510% contre 2,536% jeudi à la clôture, tout comme celui à 30 ans, à 3,337% contre 3,3710% la veille. Le taux à trois mois était stable à 0,02%.
Sur le marché interbancaire, le Libor était stable à 0,2336%.