La Libye prévoit d'octroyer de nouvelles concessions pétrolières avant la fin de 2013, une première en six ans, a déclaré mercredi à l'AFP le ministre libyen de Pétrole, Abdelbari al-Aroussi, qui a précisé que son pays comptait demander une hausse de son quota à l'Opep.
"Nous avons besoin d'un peu de temps pour étudier les détails. Mais nous annoncerons vraisemblablement l'appel d'offres de prospection pétrolière au cours du quatrième trimestre 2013", a expliqué M. al-Aroussi lors d'un entretien avec l'AFP.
Le ministre a indiqué qu'"un grand nombre" de compagnies étrangères d'hydrocarbures souhaitaient travailler en Libye, "un pays prometteur où de grandes surfaces n'ont pas encore été explorées, que ce soit sur terre ou en mer", selon lui.
Le dernier appel d'offres d'exploration d'hydrocarbures en Libye, le quatrième dans l'histoire du pays, avait porté exclusivement en 2007 sur la prospection de gaz naturel.
Aucune concession n'a été accordée depuis la fin de la révolution qui a renversé l'ancien régime de Mouammar Kadhafi, à l'automne 2011.
M. al-Aroussi a par ailleurs affirmé que son pays envisageait de demander un relèvement de son quota de production pétrolière fixée par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), de 1,5 million de barils par jour (mbj) à 1,7 mbj.
"Nous allons demander un quota additionnel lors des prochaines réunions de l'Opep (...) Notre objectif est d'atteindre 1,7 mbj", a-t-il dit, affirmant avoir déjà entamé des discussions avec le cartel.
Le ministre a expliqué que la Libye, quatrième producteur de pétrole en Afrique, avait besoin de produire plus pour financer la reconstruction des infrastructures de base du pays (routes, hôpitaux, etc.), détruites par le conflit de 2011.
La sécurité, une priorité
L'économie libyenne est extrêmement dépendante de la production d'hydrocarbures, qui représentent plus de 80% du PIB et jusqu'à 97% des exportations du pays.
La production de pétrole, qui dépassait les 1,6 million mbj, est presque tombée à zéro durant le conflit de 2011. Mais après la chute du régime Kadhafi, elle a en quelques mois retrouvé quasiment son niveau d'avant-guerre.
Alors que les investisseurs s'inquiètent du climat d'insécurité et de la persistance des violences en Libye, le ministre a assuré que la "sécurité" faisait partie des priorités de son gouvernement.
Il a aussi relativisé la situation: "il y a eu certains incidents mais ceci arrive partout dans le monde. Globalement, la Libye est un pays sûr", a-t-il affirmé.
Depuis le renversement du régime de Mouammar Kadhafi, des violences et des revendications sociales ont perturbé la production sur plusieurs sites d'hydrocarbures.
Le dernier incident en date --des accrochages entre groupes armés près d'un site gazier dans l'ouest du pays-- a provoqué l'interruption la semaine dernière de la livraison de gaz libyen à l'Italie, via le gazoduc Green Stream.
M. al-Aroussi a ajouté que la Libye souhaitait développer le raffinage du pétrole, ainsi que les industries pétro-chimiques qui sont génératrices d'emplois.
"La Libye importe 70% de ses besoins en carburant, ce qui est anormal dans un pays producteur de pétrole depuis des décennies", a-t-il dit.
Il a ainsi annoncé la création d'une "compagnie publique de transformation et de raffinage du brut qui sera basée à Benghazi (...) et qui aura pour tâche outre le développement des industries pétro-chimiques, la modernisation de la raffineries de Zawiyah (ouest) et l'extension de celles de Tobrouk et d'al-Sarrir (est)".
Il a ajouté qu'une raffinerie serait construite à Sebha, dans le Sud, pour répondre aux besoins de cette région en carburant. Selon lui, des investisseurs étrangers et libyens ont déjà exprimé leur intérêt pour ce projet.
"Une étude est en cours également pour la construction d'une zone industrielle autour du port pétrolier de Ras Lanouf (est), d'un coût de 45 milliards de dollars", a-t-il précisé.