par Tim Hepher et Cyril Altmeyer
PARIS (Reuters) - Airbus Group a remplacé jeudi le responsable de son pôle d'avions militaires, tirant les conséquences de la "situation critique" du programme de l'avion de transport A400M dont la montée en puissance industrielle s'accompagne de nouveaux retards.
Le groupe européen d'aérospatiale et de défense a nommé Fernando Alonso à la tête de son activité d'avions militaires pour remplacer Domingo Ureña-Raso, comme l'avait annoncé Reuters, à la suite des nouvelles difficultés d'un programme européen qui a déjà coûté plus de 20 milliards d'euros.
L'action accuse le coup à la Bourse de Paris. L'action, qui gagnait plus de 1% en début d'après-midi a terminé en baisse de 1,39% à 48,275 euros.
Airbus Group s'attend à payer des pénalités aux pays clients de l'A400M qui a connu de nouveaux retards, a déclaré le président exécutif du groupe, Tom Enders.
"Nous aurons certainement à payer des pénalités, nous devons de l'argent à nos clients", a-t-il dit lors d'une réception avec la presse à Paris.
"Cette fois, nous ne retournerons pas vers nos clients pour demander des fonds supplémentaires. C'est le groupe qui doit régler cela", a-t-il ajouté, faisant référence au renflouement de 3,5 milliards d'euros obtenu en 2010 de la part de ses sept pays clients.
Airbus Defence & Space a annoncé la semaine dernière qu'elle présenterait d'ici la fin février son planning de livraisons d'A400M pour 2015 avec ses différents pays clients, après des retards signalés par l'Allemagne.
"Etant donné la situation critique du programme, un comité de surveillance sera mis en place sous ma direction pour assurer un lien rapproché avec nos clients clés", explique Bernhard Gerwert, patron de la division Airbus Defence & Space, dans une lettre au personnel que Reuters a pu consulter.
Lui aussi espagnol, Fernando Alonso, 58 ans, prendra ses fonctions le 1e mars. Il dirige depuis 2007 les essais en vol des avions militaires d'Airbus, intégrés début 2014 dans la nouvelle division Airbus Defence & Space.
L'intégration des capacités militaires et la montée en cadence industrielle du programme, dont 170 unités ont été commandées, n'ont pas été à la hauteur des attentes du groupe, souligne dans un communiqué Bernhard Gerwert.
"C'est inacceptable et nous allons régler cela", promet-il.
RÉPARTITION DES TCHES SUR L'A400M
Le programme sera restructuré et toutes les activités industrielles liées à l'A400M seront réunies au sein du pôle opérationnel d'Airbus Defence & Space dirigé par Pilar Albiac-Murillo, précise la division du groupe d'aérospatiale et de défense dans un communiqué.
Les autres activités liées à l'A400M, comme le développement et les livraisons aux clients, resteront au sein du segment des avions militaires, dirigé par Rafael Tentor, le patron du programme.
L'armée française utilise déjà six exemplaires, dont le tout premier du programme livré en août 2013. Paris espère en réceptionner jusqu'à quatre cette année, dont deux à un nouveau standard qui permettra notamment des largages de matériel, des parachutages d'hommes et du ravitaillement en vol.
Le groupe, qui publiera ses résultats annuels le 27 février, avait fait état en novembre 2014 de retards dans l'ajout de nouvelles fonctionnalités dans certains avions, notamment en termes de ravitaillement en vol.
Outre l'A400M, la division Airbus Defence & Space regroupe notamment l'avion-ravitailleur MRTT et l'avion de combat Eurofighter, produit en coentreprise avec BAE Systems et Finmeccanica.
(Edité par Matthias Blamont)