Moins d'inégalités ou de décrochage scolaire, mais plus de dette publique: la France se situe au-dessus de la moyenne européenne sur six critères de richesse sur dix, selon un rapport sur les indicateurs alternatifs au produit intérieur brut (PIB) rendu public mardi par le gouvernement.
Ces dix indicateurs, qui concernent aussi bien l'économie que l'environnement, la santé ou l'éducation, ont été retenus par les services de Matignon et de Bercy en vertu de la loi sur les nouveaux indicateurs de richesse, adoptée au printemps 2015.
Ils serviront à mesurer chaque année l'état de santé de la France au-delà des variations du PIB, accusé de ne refléter que grossièrement le progrès et le bien-être des habitants, a précisé Bercy à l'AFP.
D'après le rapport publié mardi, la France se situe au-dessus de la moyenne européenne sur le plan de la lutte contre la "pauvreté en conditions de vie", mesurant les situations de difficulté économique durable. Cette dernière touchait en 2014 12% des Français, contre 19,6% en moyenne dans l'UE.
Pour "l'écart de revenus", mesurant la différence entre la rémunération des 20% des ménages les plus aisés et celles des 20% les plus modestes, la France fait également mieux que ses partenaires, avec un écart de 4,3 contre 5 dans le reste de l'UE.
Le pays, enfin, obtient de bons résultats pour les "sorties précoces du système scolaire" (8,5% des 18-25 ans contre 11,1% dans l'UE) et de "l'espérance de vie en bonne santé", qui évalue le nombre d'années qu'une personne peut compter vivre en bonne santé (64,4 ans pour les femmes et 63 ans pour les hommes).
Le pays obtient en revanche de moins bons résultats sur l'endettement, tant au niveau de la dette publique (96% du PIB contre 87% dans l'UE) que de la dette des entreprises (81%, contre 48% en Allemagne), et sur la préservation des sols, avec 5,8% de sols "artificialisés" (bitumés ou construits) contre 4,6% dans l'UE.
Sur le plan de "l'effort de recherche", qui mesure la part de dépense intérieure consacrée à la recherche et au développement, le pays se situe au-dessus de la moyenne européenne (2,3% contre 1,9%), mais il est à la traîne par rapport à l'Allemagne et l'Autriche (2,9%), ou aux pays nordiques qui dépassent les 3%.
"Le rapport montre (...) que des défis sont devant nous", a réagi auprès de l'AFP le ministre des Finances Michel Sapin, jugeant toutefois "encourageant" le fait que la France soit "au-dessus de la moyenne européenne pour six indicateurs sur dix".
"Nous voyons les progrès réalisés, notamment en matière de réduction des inégalités où nous avons pu effacer en 2013 l'augmentation vécue depuis la crise de 2008", a-t-il ajouté.
Les dix indicateurs choisis par le gouvernement s'inspirent des travaux du Conseil économique, social et environnemental (Cese) et de France Stratégie, qui avaient proposé en juin dix barèmes pour mieux "prendre en compte toutes les dimensions du développement".
Au-delà de la comparaison avec les autres pays européens, ces différents indices doivent permettre d'analyser l'impact des politiques publiques sur l'environnement, l'emploi, ou encore la santé.
"Désormais, l'évaluation de quelques-unes des mesures phares en cours de mise en œuvre se fera au regard de ces nouveaux indicateurs", promet le Premier ministre Manuel Valls dans l'introduction du rapport.