La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi une nouvelle batterie de mesures de politique monétaire, inattendues pour certaines, dans sa lutte pour faire repartir les prix en zone euro. Récapitulatif.
- Les taux: toujours plus bas
L'institution monétaire a abaissé d'un coup ses trois taux directeurs. Le taux central, le baromètre du crédit en zone euro, passe de 0,05% à zéro. C'est une première dans l'histoire du bloc monétaire, et signifie que les banques se refinancent sans frais auprès de la BCE, et logiquement devraient abaisser encore les taux qu'elles facturent à leurs propres clients qui s'endettent. Cela veut aussi dire que les placements des épargnants auprès des banques ne rapportent plus rien, ce qui doit les inciter à consommer plutôt qu'à thésauriser.
Pratiquement aucun analyste n'avait anticipé ce mouvement du taux central.
Les deux autres taux, le taux de dépôt et celui de prêt marginal, passent à -0,40% et 0,25% respectivement. Le premier rémunère les banques quand elles déposent de l'argent dans les coffres de la BCE d'un jour à l'autre. Son passage en territoire négatif en juin 2014 signifie que la BCE pénalise maintenant les banques, ce qui est censé les inciter à faire circuler les liquidités dans l'économie sous forme de crédit.
Mario Draghi, président de la BCE, a signalé jeudi que les taux allaient rester aussi bas, voire descendre encore plus bas si nécessaire, pendant une longue période, en tout cas bien au-delà de mars 2017.
- Le QE: toujours plus
Depuis mars 2015, la BCE rachète sur les marchés de la dette, principalement des obligations émises par les Etats de la zone euro. Elle débourse à cette fin 60 milliards d'euros par mois. L'objectif est de faire baisser les taux d'emprunt et de stimuler l'activité économique. La baisse de l'euro par rapport aux autres devises, parce que les placements en zone euro sont du coup moins attractifs, est un corollaire bienvenu de cette politique: il profite aux exportateurs européens, dont les produits sont moins chers pour les acheteurs hors de la zone euro.
En décembre dernier, la BCE a prolongé ce programme d'"assouplissement quantitatif", ou "QE", de six mois, jusqu'à mars 2017. Et jeudi elle a fait ce que les marchés attendaient d'elle, et même plus: elle déboursera à partir d'avril 80 milliards d'euros par mois à ce titre. Au total, en deux ans, ce sont 1.740 milliards d'euros qu'elle aura ainsi injecté dans le système, 600 milliards de plus que ce qui était prévu au départ.
La BCE introduit aussi certaines obligations d'entreprises - à l'exception des banques - dans le champ des produits qu'elle peut racheter.
- Prêts aux banques: servez-vous
La BCE va lancer en juin une nouvelle série de prêts destinés aux banques, à long terme (quatre ans) et taux avantageux, appelés TLTRO. Les banques doivent s'en servir pour elles-mêmes prêter aux ménages et entreprises.
La BCE, qui a déjà eu recours à de tels prêts par le passé, introduit une nouvelle disposition: à condition qu'elles le fassent effectivement circuler, les banques pourront emprunter de l'argent à taux négatifs. C'est-à-dire qu'elles-mêmes seront rémunérées pour s'endetter.
Cette disposition est aussi conçue comme un correctif au taux de dépôt négatif, et une réponse aux inquiétudes des banques sur leur rentabilité.