par Geert De Clercq
PARIS (Reuters) - EDF (PA:EDF) ne s'engagera définitivement dans la construction de deux réacteurs nucléaires en Grande-Bretagne que si l'Etat sécurise sa situation financière, écrit son PDG dans une lettre adressée aux salariés.
"Nous négocions actuellement avec l'Etat pour obtenir des engagements de sa part nous permettant de sécuriser notre situation financière", explique Jean-Bernard Lévy dans cette lettre dont Reuters a eu copie. "Il est clair que je n'engagerai pas EDF dans ce projet tant que ces conditions ne seront pas réunies."
"Nous avons déjà obtenu que la totalité du dividende de l'année 2015 soit versée à l'Etat en actions et non pas en cash, ce qui représente 1,8 milliard de fonds propres supplémentaires pour EDF", ajoute-t-il. "Ces discussions se poursuivent et j'y défends notre entreprise pour le présent et surtout le futur."
Jean-Bernard Lévy assure que les aspects contractuels et industriels du programme Hinkley Point "permettent d’être confiants pour engager définitivement le projet".
"Une revue des risques conduite fin 2015 a établi que les risques sont bien identifiés et sont surmontables moyennant la mise en œuvre d'une série de recommandations", ajoute-t-il.
La CGT reproche dans un communiqué à la présidence d'EDF et à l'Etat de vouloir "imposer à marche forcée" un projet qui pourrait, selon le syndicat, être soumis au conseil d'administration du 30 mars.
Le syndicat organise en outre une consultation auprès de ses salariés, les invitant à demander au conseil d'administration de différer le projet.
Ce projet de construction de deux réacteurs de type EPR en Grande-Bretagne, évalué à 18 milliards de livres sterling (23 milliards d'euros environ), alimente les inquiétudes quant à ses conséquences sur les finances d'EDF, qui a annoncé lundi la démission de son directeur financier.
Dans un rapport publié jeudi, la Cour des comptes estime que le montage envisagé pour Hinkley Point illustre le poids de la contrainte financière à laquelle le groupe se trouve confronté.
La Cour des comptes souligne aussi que les retards de mise en service des autres EPR en cours de construction dans le monde, notamment à Flamanville (Manche) et en Finlande, peuvent "évidemment susciter des interrogations quant à la capacité du projet Hinkley Point à tenir les délais initialement impartis".
Le projet Hinkley Point, qu'EDF mène avec son partenaire chinois CGN, a reçu jeudi l'aval de la Commission européenne.
(Emmanuel Jarry et Patrick Vignal pour le service français)