par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - Pernod Ricard (PA:PERP), toujours à la peine en Chine, a fait mieux que prévu au premier trimestre de son exercice décalé grâce à une forte accélération aux Etats-Unis et à une bonne tenue en Europe.
Le propriétaire de la vodka Absolut, du cognac Martell ou du whisky Jameson a vu sa croissance organique atteindre 3%, au lieu de 1,1% attendu par les analystes, et a dit tabler sur une "amélioration graduelle de son activité" au cours de son exercice, après une hausse de 2% en 2014-2015.
La publication, jugée solide, est saluée par le marché et le titre Pernod Ricard grimpe de 3,19% à 101,65 euros à 12h15, dans un marché en baisse (-0,17% pour le CAC 40).
En Chine, deuxième marché du groupe avec l'Inde (9% du chiffre d'affaires respectivement) où Pernod Ricard avait limité la baisse à 2% en 2014-2015, les ventes ont plongé de 9% au premier trimestre.
Plombées par le ralentissement économique chinois, la chute de la Bourse de Shanghai et des déstockages de distributeurs, les ventes de whisky ont chuté de plus de 10% tandis que celles de Martell ont reculé de 4%, impactées par une décélération de Noblige, son cognac ciblé pour les classes moyennes.
"L'environnement en Chine ne s'est pas amélioré, avec la dévaluation de la devise, la chute de la Bourse de Shanghai et le ralentissement économique", a déclaré à Reuters Alexandre Ricard, PDG du groupe, rappelant que Pernod Ricard a été le premier à déstocker il y a deux ans en réaction aux mesures anti-corruption de Pékin.
Dans ce contexte, le groupe n'anticipe pas de réelle amélioration du marché chinois cette année, avec une tendance de la consommation qui affiche une baisse comprise entre 4% et 5%.
Hennessy (groupe LVMH), qui a vu ses ventes rebondir à la faveur d'un comparatif très flatteur et d'une augmentation de ses livraisons avant la "golden week", a averti que la fin d'année serait moins bonne, tandis que Rémy Cointreau a limité le recul de ses ventes au deuxième trimestre, après un plongeon de 10% au premier.
JAMESON ET GLENNLIVET EN VEDETTE
Mais Pernod Ricard a fortement accéléré la cadence (+8%) aux Etats-Unis, son premier marché, grâce à une base de comparaison favorable et des éléments techniques (décalages des livraisons) qui devraient toutefois être corrigés au deuxième trimestre.
Corrigées de ces effets favorables, les tendances sous-jacentes demeurent cependant très solides aux Etats-Unis (+5%), avec des hausses à deux chiffres pour le whisky irlandais Jameson et pour Glennlivet, leader mondial du segment "single malt".
Très surveillées, les ventes d'Absolut aux Etats-Unis ont encore reculé de 2%, après une baisse de 3% en 2014-2015. Le groupe, qui a passé une dépréciation de 404 millions d'euros sur sa vodka suédoise, s'est donné trois à cinq ans pour stabiliser ses ventes aux Etats-Unis.
Les ventes ont progressé de 3% en Europe de l'Ouest, grâce à l'Allemagne et au Royaume-Uni, tandis qu'elles ont reculé d'environ 5% en Russie.
Le groupe a dit tabler sur une progression de son résultat opérationnel courant comprise entre 1% et 3% à changes constants en 2015-2016, en ligne avec les attentes, après une hausse limitée à 2% au cours de l'exercice précédent.
Son chiffre d'affaires trimestriel a totalisé 2,22 milliards d'euros, signant une hausse de 9% en données publiées.
(Avec Dominique Vidalon, édité par Dominique Rodriguez)