PARIS (Reuters) - La fille de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt a été mise en examen jeudi pour subornation de témoin dans une enquête portant sur un prêt à Claire Thibout, ex-comptable de sa mère, a-t-on appris auprès de ses avocats.
Françoise Bettencourt-Meyers a été entendue durant l'après-midi par le juge Roger Le Loire, saisi à l'origine d'une plainte de l'artiste François-Marie Banier.
Elle conteste totalement les faits, passibles de trois ans de prison et de 45.000 euros d'amende en cas de procès et de condamnation.
"Elle a prêté de l'argent avec intérêts et cette somme sera remboursée, donc ce n'est pas un paiement", a déclaré l'un de ses avocats, Jean Veil, à des journalistes à son arrivée au pôle financier.
Jean Veil et Nicolas Huc-Morel, qui défend également Françoise Bettencourt-Meyers, ont fait savoir à Reuters qu'ils comptaient former un recours auprès de la chambre de l'instruction.
François-Marie Banier, qui fut le confident de Liliane Bettencourt, soupçonne Françoise Bettencourt-Meyers d'avoir payé des témoins pour qu'ils l'accusent d'avoir abusé de la faiblesse de la femme la plus riche de France, selon le classement du magazine économique Challenges paru jeudi.
François-Marie Banier a été condamné en première instance à Bordeaux pour abus de faiblesse à trois ans de prison dont six mois avec sursis, 350.000 euros d’amende et 158 millions d’euros de dommages et intérêts à Liliane Bettencourt.
Il a été rejugé en mai dernier en appel à Bordeaux avec trois autres prévenus et la cour doit rendre son arrêt le 24 août.
A la suite de la plainte de l'artiste, cinq anciennes employées de Liliane Bettencourt ont été mises en examen pour faux témoignage.
Parmi elles, l'ancienne comptable Claire Thibout, qui se voit reprocher d'avoir obtenu de Françoise Bettencourt-Meyers un prêt de 300.000 euros fin 2012 et un don 400.000 euros qu'elle assure avoir reçu en raison de son licenciement.
La convocation de la fille de l'héritière concernait uniquement sa relation avec Claire Thibout, et non les autres employées.
Lorsque le prêt avait été consenti, Françoise Bettencourt-Meyers s’était déjà désistée de ses poursuites pour abus de faiblesse visant François-Marie Banier après avoir conclu une transaction avec lui en 2010, a souligné Jean Veil.
Selon lui, la fille de Liliane Bettencourt n'avait donc aucun intérêt à "suborner" le témoignage de Claire Thibout. "Pour elle, le dossier était terminé à ce moment-là. C'est absurde de penser qu'elle aurait pu acheter des témoins", a-t-il dit.
(Gérard Bon avec Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)