PARIS (Reuters) - Manuel Valls a défendu mardi le projet de révision constitutionnelle devant les sénateurs, qui rouvrent ce dossier en plein débat sur une autre réforme périlleuse pour le gouvernement, celle destinée à assouplir le Code du travail.
Le Premier ministre a appelé les membres de la commission des Lois à voter ce texte, y compris l'article 2 portant sur la déchéance de nationalité, qui sera examiné la semaine prochaine en séance plénière avant un vote solennel prévu le 22 mars.
A cette occasion, il a exposé les arguments déjà avancés par l'exécutif lors des discussions à l'Assemblée nationale, où la question de la déchéance a réveillé les antagonismes à gauche et animé les débats à droite.
"La Nation a symboliquement le droit de se défendre, mais pas seulement: une nationalité, (...) c'est un droit inconditionnel à voyager, à sortir ou à rentrer en France", a-t-il plaidé devant les sénateurs.
"Le gouvernement vous invite (...) à adopter l'article 2 de cette révision constitutionnelle dans les mêmes termes", a également dit Manuel Valls, accompagné de son ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas.
Le vote par les sénateurs du texte sans modification permettrait d'éviter une navette vers l'Assemblée nationale et donc de raccourcir les délais de procédure avant une éventuelle convocation du Congrès à Versailles.
Des sénateurs de droite, majoritaires à la Chambre haute, ont toutefois fait savoir qu'ils comptaient réécrire certains passages, notamment pour éviter de créer des apatrides.
La révision constitutionnelle, passée au second plan depuis son adoption par les députés le 10 février, ressurgit au moment où le chef du gouvernement tente de faire accepter le projet controversée de réforme du Code du travail.
"Dans un monde où l'événement a cette fâcheuse tendance à chasser l'événement, nos compatriotes n'ont rien oublié de l'horreur, ils n'ont rien oublié des 149 vies qui ont été volées l'an dernier", a déclaré Manuel Valls au Sénat.
Lui-même a reçu des dirigeants syndicaux et patronaux à Matignon une bonne partie de la journée de lundi et doit reprendre ses consultations ce mardi après-midi puis mercredi.
(Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)