PARIS (Reuters) - Le Parti socialiste se prononcera samedi pour l'organisation d'une primaire à gauche afin de désigner un candidat à l'élection présidentielle de 2017, mais les désaccords sur les modalités rendent sa concrétisation très incertaine.
Après avoir été longtemps écarté par les proches de François Hollande, qui soulignaient qu'un président en fonction n'avait pas à se soumettre à cet exercice prévu par les statuts du parti, les ténors du PS se sont ralliés à l'idée d'organiser un scrutin à gauche pour présenter un seul candidat susceptible de passer au second tour, notamment face au Front national.
Mais le débat, qui concernera aussi les écologistes d'EELV réunis séparément samedi sur le même dossier, est délicat.
"Il est temps que le PS collectivement dise : 'oui, nous voulons participer à l'organisation des primaires de toute la gauche et des écologistes", a déclaré vendredi à Reuters Corinne Narassigin, porte-parole du parti.
Les principes sont que tous ceux qui participent à ce processus s'engagent à soutenir celui qui sortira vainqueur, qu'il n'y ait pas de calendrier préalable qui exclurait de fait certains candidats et que l'on n'impose pas un programme.
La primaire ne pourrait ainsi avoir lieu qu'à une date qui permettrait à François Hollande d'y participer, par exemple si elle était fixée de manière trop précoce, ce qui embarrasserait un président censé être à sa tâche jusqu'à la fin de son mandat.
Plusieurs sources au PS évoquent début décembre mais cette date ne sera pas arrêtée samedi lors du conseil national du PS, qui n'adoptera que des grands principes, les modalités devant être précisées "probablement" en juin, a dit Corinne Narassigin.
"Il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs", a-t-elle ajouté en soulignant que l'enjeu principal de la primaire était d'éviter que le FN se retrouve au second tour.
UNE PRIMAIRE POUR DÉSIGNER HOLLANDE ?
Mais l'absence d'accord sur ses modalités risquent de rendre l'organisation de la primaire difficile et de donner raison à l'ancien député européen Daniel Cohn-Bendit qui a estimé dans Le Monde de mardi dernier qu'il était "très pessimiste" car "le fossé entre toutes les composantes de la gauche et des écologistes ne cesse de grandir".
La décision du cofondateur du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, de se porter candidat en refusant de participer à la primaire avait déjà ôté beaucoup d'intérêt à l'exercice.
Les partisans de François Hollande, quant à eux, veulent une sorte de "primaire avant la primaire", à savoir que le PS, archidominant par rapport à la gauche, désignerait le président sortant comme son candidat au scrutin.
"Nous disons simplement depuis le début que si tout le monde veut la primaire alors nous aurons primaire", a assuré Bruno Le Roux, le chef du groupe PS à l'Assemblée nationale vendredi sur LCP. "Et que le Parti socialiste désignera un candidat pour aller à la primaire de la gauche".
Il espère que le président de la République en sortira vainqueur : "Pour moi ça ne fait aucun doute que mon candidat à ce moment-là, je le dirai clairement, je le dis dès maintenant, ce sera de poursuivre avec le président de la République."
Le Premier ministre Manuel Valls a déclaré dans la dernière édition du Journal du dimanche qu'il n'y avait "pas d'alternative à François Hollande à gauche."
Près de sept Français sur dix, 69%, se disent favorables à l'organisation d'une primaire à gauche à la prochaine élection présidentielle, selon un sondage Elabe pour BFM TV.
Emmanuel Macron est le favori de l'ensemble des sondés, qui considèrent à 46% qu'il ferait un bon candidat, suivi de près par Nicolas Hulot avec 44%, Manuel Valls avec 42%, Martine Aubry avec 37% et Arnaud Montebourg avec 35%. Seuls 20% des sondés plébiscitent une candidature de François Hollande.
(Sophie Louet et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)