BERLIN (Reuters) - La justice allemande a annoncé lundi avoir ouvert une enquête visant l'ex-président du directoire de Volkswagen (DE:VOWG_p) Martin Winterkorn et un autre haut dirigeant du groupe automobile, qu'il soupçonne d'une possible manipulation de cours liée au scandale des émissions polluantes.
Le parquet de Brunswick, dans le land de Basse-Saxe, a déclaré dans un communiqué que la nouvelle procédure s'appuyait sur des "éléments concrets suffisants" suggérant que Volkswagen aurait dû informer le marché des possibles conséquences financières du dossier de la manipulation des tests anti-pollution avant le 22 septembre 2015, date à laquelle le groupe a pour la première fois admis publiquement sa responsabilité.
Le même parquet enquêtait déjà sur 17 anciens salariés de VW soupçonnés de fraude en lien avec le scandale de la manipulation des émissions polluantes.
L'annonce de la nouvelle procédure est intervenue deux jours avant l'assemblée générale annuelle du groupe, au cours de laquelle l'équipe dirigeante pourrait devoir répondre à de multiples critiques d'actionnaires sur la gestion du dossier.
Le président du conseil de surveillance de Volkswagen, Hans Dieter Pötsch, qui était directeur financier à l'époque, n'est pas visé par l'enquête, a déclaré le parquet, sans préciser le nom du deuxième haut dirigeant concerné par la procédure, ouverte après un signalement de la BaFin, l'autorité des marchés financiers allemands.
"Le renforcement ou l'affaiblissement des soupçons initiaux dépendra des conclusions des nouvelles investigations nécessaires", a ajouté le parquet de Brunswick.
Dans un communiqué, Volkswagen a déclaré que la nouvelle enquête n'apportait aucun élément nouveau sur d'éventuels manquements aux obligations des dirigeants visés.
Le groupe ajoute que ses propres investigations n'ont pour l'instant mis au jour aucun élément établissant clairement que des membres ou ex-membres du directoire ont clairement et gravement manqué à leurs devoirs.
Dans son rapport annuel publié le 28 avril, Volkswagen reconnaissait n'avoir pas mesuré l'impact potentiel du scandale avant l'été dernier, lorsqu'il a réalisé que les "dispositifs trompeurs" installés sur plusieurs de ses modèles enfreignaient la réglementation américaine.
Il ajoutait qu'à l'époque, les membres de son directoire jugeaient les coûts liés au dossier "globalement gérables" mais qu'après la décision des autorités américaines de révéler l'affaire le 18 septembre, "les faits et les conséquences financières présentaient la situation sous un jour complètement différent".
(Andreas Cremer et Edward Taylor; Marc Angrand pour le service français)