par Megan Rowling
LIMA (Reuters) - Défenseurs des droits de l'homme et représentants de la société civile ont publié mercredi une lettre ouverte aux participants à la conférence de Lima sur le changement climatique, appelant les gouvernements à garantir "les droits de l'homme pour tous" dans l'accord mondial sur le climat qui doit être conclu fin 2015 à Paris.
Parallèlement, plusieurs milliers de personnes de toutes origines - 15.000 selon les organisateurs - ont défilé dans les rues de la capitale péruvienne pour demander une eau non polluée, des énergies 100% renouvelables ou encore la protection de leurs droits menacés par certains grands projets de développement comme les barrages hydroélectriques.
Plus de 200 groupes travaillant sur l'environnement, le développement et les droits humains, ainsi que 76 spécialistes des droits de l'homme ont signé une lettre où ils soulignent que "le changement climatique et certaines actions prises pour lutter contre le changement climatique interfèrent avec la jouissance des droits humains protégés par le droit international."
Maria José Veramandi, juriste à l'Association inter américaine de Défense de l'environnement (AIDA), cite l'exemple du Mécanisme de développement propre (MDP) élaboré dans le cadre du protocole de Kyoto des Nations unies. Ce mécanisme d'échanges de droits à polluer, qui a été accusé de diverses violations des droits de l'homme depuis son entrée en vigueur.
La juriste cite la construction du barrage hydroélectrique de Sana Rita au Guatemala, qui, dit-elle, a entraîné violences et actions répressives contre les populations locales. Elle mentionne la mort de deux enfants.
AMBITIEUX ET ÉQUITABLE
Dans les rues de Lima, Celso Sempertegui, un fonctionnaire municipal, tient le bout d'une banderole de soie verte de 100 mètres de long contre le projet Conga d'extraction de cuivre et d'or du groupe minier américain Newmont Mining au Pérou dans la région de Cajamarca, et contre la centrale hydroélectrique de Chadin.
Les autochtones craignent que ces projets ne les privent d'eau, dit Celso Sempertegui.
D'autres, comme Fazal Issa, membre de l'Alliance pan-africaine pour la justice climatique (APJC), sont davantage préoccupés par les conséquences de la hausse des températures et des phénomènes climatiques extrêmes.
"Nous avons le sommet le plus élevé d'Afrique, par exemple, et nous avons perdu 80% des glaciers là-bas", dit Fazal Issa, venu de Tanzanie.
"Nous sommes ici pour faire entendre notre voix et dire nos revendications aux négociateurs aux discussions sur le climat. Nous voulons un accord sur le climat ambitieux, légalement contraignant et équitable", ajoute-t-il.
Selon John Knox, expert indépendant sur les droits humains et l'environnement affilié à l'Onu, le changement climatique a déjà des répercussions "sur une variété immense de droits humains, du logement aux Maldives à l'eau aux Tuvalu en passant par l'alimentation dans la région du Sahel".
"Les problèmes ne font bien sûr qu'empirer", affirme-t-il.
Une résolution de ces problèmes par la voie des droits de l'homme peut faire en sorte que les gouvernements se préoccupent des personnes les plus dans le besoin, ajoute-t-il.
Pour l'instant, le projet de document final de la conférence se borne à dire que les actions nécessaires pour lutter contre le changement climatique doivent respecter les droits de l'homme et les droits des populations locales.
Avec d'autres spécialistes, John Knox appelle à ce que l'accord sur le climat qui sera conclu à Paris l'an prochain engage expressément les gouvernements à "respecter, protéger, promouvoir et réaliser les droits de l'homme pour tous".
(Danielle Rouquié pour le service français)