par Jeffrey Heller et Ori Lewis
JERUSALEM (Reuters) - Un Palestinien a précipité son camion sur un groupe d'élèves officiers de l'armée israélienne dimanche sur une promenade populaire de Jérusalem, faisant quatre morts et 17 blessés avant d'être abattu, rapportent les autorités.
L'auteur de l'attaque était apparemment un sympathisant de l'organisation Etat islamique, a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. L'EI a revendiqué les attaques au camion bélier du 14 juillet dernier à Nice (86 morts) et du 19 décembre à Berlin (12 morts).
Les quatre personnes tuées, trois femmes et un homme, étaient toutes des élèves officiers, âgées d'une vingtaine d'années.
La police a identifié le chauffeur du poids lourd comme un Palestinien originaire de Jérusalem-Est, annexée par Israël. Son oncle, Abou Ali, a déclaré qu'il se nommait Fadi Ahmad Hamdan Kounbor, qu'il avait 28 ans et qu'il était père de quatre enfants.
"Selon tous les éléments disponibles, c'était un partisan de l'Etat islamique. Nous avons bouclé Djabel Moukabar, le quartier d'où il venait, et nous menons d'autres actions que je ne vais pas détailler", a dit Netanyahu en se rendant sur place.
Le porte-parole de la police, Micky Rosenfeld, a indiqué que neuf habitants de Djabel Moukabar, y compris cinq membres de la famille de l'assaillant, avaient été arrêtées sur des soupçons de complicité.
Une source gouvernementale a précisé que des ministres ont demandé que la dépouille du terroriste ne soit pas rendue à sa famille pour être inhumée.
Le chef de la police, Roni Alsheich, a dit qu'il était possible que l'agresseur se soit inspiré de l'attaque commise contre un marché dans le centre de Berlin en décembre, provoquant la mort de douze personnes.
LE HAMAS SE FÉLICITE
L'attaque, l'une des plus meurtrières depuis des mois à Jérusalem, visait un groupe d'élèves officiers de l'armée qui descendaient d'un car sur la promenade Armon Hanatziv, une allée aménagée qui offre une vue panoramique sur la Vieille Ville. L'armée emmène régulièrement des groupes de soldats en visite éducative à Jérusalem.
"C'est une attaque terroriste, une attaque bélier", a déclaré une porte-parole de la police, décrivant une rue "jonchée de corps", à Radio Israël.
La télévision a montré le pare-brise du poids lourd criblé de nombreuses balles.
"En l'espace d'une seconde, j'ai regardé sur ma gauche et j'ai vu un camion arrivant à toute allure. Je me suis jeté sur le côté. C'est un miracle que mon pistolet soit resté sur moi", a raconté à la dixième chaîne un garde de sécurité.
"J'ai tiré sur un pneu avant de comprendre que ça ne servait à rien avec toutes ces roues. J'ai couru devant la cabine, et j'ai tiré sur lui et vidé mon chargeur. Quand j'ai fini de tirer, certains élèves officiers l'ont également pris pour cible et ont commencé à tirer."
En tant qu'habitant palestinien de Jérusalem-Est, qu'Israël considère comme une partie de sa capitale, ce que la communauté internationale ne reconnaît pas, le chauffeur pouvait posséder une carte d'identité israélienne lui permettant de circuler dans toute la ville.
Une vague d'attaques palestiniennes isolées, y compris à l'aide de véhicules béliers, a débuté en octobre 2015 en Israël, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Elle a coûté la vie à 37 Israéliens et deux Américains, et au moins 231 Palestiniens dont au moins 157 étaient des assaillants selon les autorités de l'Etat hébreu. Les autres victimes palestiniennes ont trouvé la mort lors d'affrontements ou de manifestations.
L'attaque de Jérusalem a été saluée par le Hamas, groupe islamiste qui contrôle la bande de Gaza. "Nous bénissons cette opération héroïque de résistance à l'occupation israélienne", a déclaré un porte-parole du Hamas, Faouzi Barhoum, à Reuters.
En France, le président François Hollande a condamné un attentat "odieux" et le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a fait part de sa "consternation", assurant Israël de sa solidarité.
Les Etats-Unis condamnent cette attaque "dans les termes les plus fermes" et se proposent d'aider Israël à découvrir qui en a été l'instigateur, a déclaré Ned Price, porte-parole du Conseil national de sécurité, dans un communiqué.
(Jeffrey Heller, Maayan Lubell, Ori Lewis, Nidal al Mughrabi; Tangi Salaün et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)