PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron a annoncé lundi de futures mesures pour préserver la biodiversité, dont l’accroissement des aires de protection, un frein à l'artificialisation des sols et la modification de dispositifs fiscaux et budgétaires, après avoir reçu des auteurs d’un rapport alarmant sur le sujet.
Le président français a également confirmé sa volonté de pousser les Européens à accroître leurs efforts, notamment en réorientant des financements dans le cadre de la prochaine PAC (politique agricole commune), et d'oeuvrer au-delà de l'Europe, en particulier au G7, actuellement présidé par la France.
"Ce qui est en jeu, c’est la possibilité même d’avoir une terre habitable, l’émergence de nouvelles inégalités qui seront dues aux menaces qui pèsent sur notre biodiversité, l’émergence de nouveaux déséquilibres mondiaux", a-t-il dit, à l'Elysée.
Emmanuel Macron s'était auparavant entretenu avec des experts de l'IPBES (plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques), dont le rapport publié lundi établi que jusqu'à un million d'espèces animales et végétales sont menacées d'extinction.
"Ce rapport nous dit de manière claire que la biodiversité est un sujet aussi important que le changement climatique et que nous ne pouvons gagner cette bataille qu’en mettant ces deux objectifs ensemble", a ajouté le chef de l'Etat.
DES OPPOSANTS DUBITATIFS
Pour contribuer à cette lutte, les dispositifs fiscaux et budgétaires français seront examinés car "nous avons, sur le plan économique, industriel, agricole, énormément d'aides qui ne sont pas toujours en conformité", a-t-il déclaré.
Des mesures contre le gaspillage alimentaire seront prises, en responsabilisant davantage les consommateurs, les restaurateurs et les distributeurs, l'artificialisation des sols sera freinée et des terrains seront réhabilités, a-t-il dit.
"D'ici 2022, nous porterons à 30% la part de nos aires marines et terrestres protégées, dont un tiers d'aires protégées en pleine naturalité", a-t-il par ailleurs annoncé.
Il faut accélérer la transformation des modèles de production, a ajouté Emmanuel Macron, soulignant son objectif de réduire de 50% le recours aux produits phytosanitaires d'ici 2025.
Sans trancher définitivement le sort de la Montagne d'or, un projet controversé de mine en Guyane, il a déclaré qu'"à l'heure actuelle, ce que je sais du projet n'est pas compatible avec l'ambition que je viens de fixer".
A trois semaines des élections européennes du 26 mai, lors desquelles l'écologie sera un thème important, plusieurs candidats ont réagi à ces annonces.
"Je suis en colère", a déclaré Yannick Jadot, tête de liste Europe Ecologie-Les Verts, sur BFMTV.
"Nos conditions de vie sont mises en cause et on a un président de la République qui vient faire un big bang de mots. C'est toujours pareil : des paroles, des paroles, des paroles. Il nous fait des promesses mais rien de concret", a ajouté l'eurodéputé.
"Dégainer une batterie de mesures c'est bien, si ce n'est pas pour rompre avec le libéralisme qu'il met en oeuvre tous les jours, cela ne servira à rien", a pour sa part réagi Benoît Hamon, à la tête de la liste Génération.s, sur Twitter (NYSE:TWTR).
(Jean-Baptiste Vey, avec Elizabeth Pineau, édité par Pierre Serisier)