PARIS (Reuters) - Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, accusé par une partie de l'opposition de "manipulation" pour avoir dramatisé les événements survenus en marge d'une manifestation du 1er mai à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, a "toute ma confiance", a déclaré vendredi Edouard Philippe.
"Je crois savoir que le ministre de l'Intérieur a corrigé son propos, il a sans doute eu raison de le faire", a dit le Premier ministre à la presse lors d'un déplacement à Montmoreau (Charente). "Je n'ai pas d'autre commentaire à faire sinon qu'il a évidemment, et comme depuis le début, toute ma confiance".
Après 24 heures de polémique et d'appels à la démission lancés par une partie de l'opposition, le "premier flic de France" a reconnu dans la matinée qu'il aurait dû évoquer une "intrusion violente" plutôt qu'une "attaque" de manifestants dans l'établissement hospitalier mercredi.
"Intrusion violente, c'est le mot qui a été utilisé par la directrice de l'hôpital, attaque c'est celui qui m'est venu après avoir entendu le récit ému des personnels", a dit Christophe Castaner devant la presse lors d'un déplacement à Toulon.
Au vu de la polémique provoquée par le qualificatif "attaque", "je me dis que je n'aurais pas dû l'employer. Intrusion violente, terme utilisé par la directrice, est en effet mieux adapté et semble confirmé par les vidéos qui sont apparues depuis", a-t-il ajouté.
Pour autant, le ministre de l'Intérieur a estimé que cette polémique ne devait pas masquer la gravité des incidents.
"Entrer de force dans un hôpital par l'entrée principale, par l'entrée annexe en brisant les chaînes du portail, tenter de s'introduire dans les services interdits au public, ce sont des actes inadmissibles et très graves", a-t-il indiqué.
"Regardons ce qui s'est passé. Les faits sont des faits particulièrement préoccupants et je pense que nous devrions plutôt parler de cela que de savoir s'il fallait parler d'attaque ou d'intrusion violente", a-t-il poursuivi.
VERS UNE AUDITION?
Depuis mercredi, plusieurs voix se sont élevées dans l'opposition, notamment dans les rangs de La France Insoumise (LFI) et au Rassemblement national (RN, ex Front national), pour réclamer la démission du ministre de l'Intérieur.
"Bien sûr qu’il doit démissionner parce qu’aujourd’hui on connaît la réalité", a également estimé le chef de file des communistes aux élections européennes Ian Brossat, sur RTL (DE:RRTL). "Il a menti de manière éhontée.".
L'ancien ministre et président du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner a pour sa part annoncé son intention de demander une audition de Christophe Castaner par la commission des Lois de la chambre haute et les députés socialistes ont entamé une démarché similaire à l'Assemblée nationale.
Face à cette pluie de critiques, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse, Gabriel Attal, a dénoncé une "polémique révoltante."
"Tout le temps que l’on perd à alimenter une espèce de pseudo polémique pour faire l’exégèse du terme 'attaque', c’est du temps qu’on perd pour dire que c'est inacceptable de s’introduire dans un hôpital en défonçant une grille, ce n’est pas acceptable d’essayer de rentrer dans un service de réanimation alors qu’il y a des soignants qui bloquent la porte", a-t-il dit sur RTL.
(Yann Le Guernigou et Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)